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ces besoins. La presse parlementaire, réduite à dix journaux, a la parole six jours sur sept ; le dimanche appartient à la presse populaire et aux feuilles qui, mesurant déjà les évènemens à distance, les voient ainsi d’un peu plus haut. Enfin, la politique d’impulsion, le jugement des partis sur les hommes et sur les choses, ne se prononce que dans les revues trimestrielles et suit, pour ainsi dire, la marche des saisons. La presse, en Angleterre, a sa hiérarchie comme l’état, comme l’église et comme la société.

Des dix journaux quotidiens qui s’occupent des affaires politiques, huit paraissent le matin et quatre le soir ; on évalue leur tirage à 45,000 feuilles par jour[1]. Le Times et le Morning-Advertiser emploient chacun environ 200,000 feuilles timbrées par mois, ce qui porte leur tirage à 6,600 par jour. La circulation des six journaux qui soutiennent la réforme est évaluée à 26,000 feuilles par jour, et celle des quatre journaux qui se rattachent au parti conservateur à 19,000 feuilles seulement. Cette proportion représente assez exactement l’état de l’opinion dans la métropole et même dans le reste de l’Angleterre, si l’on excepte les comtés manufacturiers.

Les journaux du soir, le Globe, le Courier, et le Sun à l’exception du Standard, appartiennent à l’opinion réformiste ; ils n’ont pas la même influence que les journaux du matin, auxquels ils empruntent généralement leurs comptes-rendus des séances parlementaires et leurs principaux articles de fond (leading articles). Ce qu’on leur demande surtout, ce sont les nouvelles de la journée ; celles qui n’ont pu trouver place dans une première édition publiée à cinq heures du soir, une seconde édition les fait connaître deux heures plus tard. Ils devancent ainsi de douze heures les publications du lendemain, et sont, pour cette raison, fort recherchés dans la Cité, dans les provinces et à l’étranger.

Le Globe est l’organe du ministère ; le Courier, un peu moins engagé, représente la partie de cette coalition qui a le plus d’affinité avec les conservateurs ; le Sun et le True-Sun, son concurrent du matin, défendent, dans une mesure diverse, les opinions du parti radical ; le Sun, le plus modéré des deux, voit sa clientelle s’accroître de jour en jour.

  1. En 1829, l’on comptait à Londres 13 journaux quotidiens, qui publiaient ensemble 40,000 feuilles par jour. Le progrès est d’un neuvième en sept ans, ou de 11 pour cent.