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JEAN-SÉBASTIEN
L’ORGANISTE.

Ici l’instinct musical est héréditaire. En six générations à peine trouveriez-vous deux membres de cette famille qui n’aient pas fait de la musique l’occupation de leur vie. Un boulanger de Hongrie fut le patriarche de cette féconde tribu, la tige luxuriante d’où se sont échappés tant de merveilleux rejetons. Au commencement du xvie siècle, inquiété par les guerres de religion, Veit Bach abandonna Presbourg, emportant avec lui tout ce qu’il put sauver de sa petite fortune et gagna la Thuringe, espérant y trouver asile et protection. Il s’établit à Wechmar, petit village situé non loin de Gotha, où il reprit avec sa profession ses études musicales long-temps négligées ; chaque jour il emportait son cistre dans son moulin, et préludait en chantant de saintes mélodies, au milieu du fracas des meules et des roues. Veit Bach jeta dans l’ame de ses deux fils cette harmonieuse semence qu’ils transmirent ensuite à leurs enfans, de telle façon qu’il en résulta bientôt une famille musicale en possession des charges les plus importantes dans presque toutes les contrées de la Thuringe. Certes, les Bach n’ont pas tous été des hommes de génie ; cependant, à chaque génération, on en compte au moins deux qui se sont distingués. Au commencement du xviie siècle, trois jeunes gens, petits-fils du vieux Bach, s’annoncèrent par de si heu-