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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 septembre 1836.



« Pour se faire pardonner le pouvoir, écrivait M. Guizot en 1821, il faut le garder long-temps, et non pas y revenir sans cesse. De petites et fréquentes vicissitudes dans une grande situation ont pour la masse des spectateurs quelque chose de déplaisant et presque d’ennuyeux. Elles diminuent celui qui les accepte, quand elles ne le décrient pas. » Nous sommes de l’avis de M. Guizot, et nous le trouvons lui-même fort diminué depuis sa rentrée au pouvoir : minor rediit. Quelle raison vraiment politique peut-il assigner à son retour ? Est-il rappelé par la majorité parlementaire ? Les chambres sont absentes, et, convoquées, elles l’ont abandonné et l’abandonneront probablement encore. A-t-il quelque grand dessein à exécuter à l’intérieur ? Point. Pour les relations de la France avec l’Europe, il n’en faut pas parler ; on y connaît la pâle incertitude de M. Guizot.

Nous avions eu plus d’estime pour la valeur politique de M. Guizot qu’il n’en a lui-même : nous n’aurions pas attendu de lui un retour aux affaires sans cause et sans avenir, ni une convoitise du ministère si dépourvue de patience et de véritable ambition. Aussi que de fautes lui a fait faire en quelques jours cette monomanie d’existence ministérielle ! Il était parti de Lisieux dans la pensée de la présidence ; mais, sur le théâtre même des affaires, il a dû se désister de ses plus hautes espérances : alors on l’a vu, passant d’un extrême à l’autre, se réfugier dans l’affectation d’un rôle modeste, et chercher à primer la présidence nominale par l’humble spécialité d’un petit département. On a offert à M. Guizot le ministère de l’intérieur, il n’a pas voulu le prendre ; peut-être a-t-il craint les souvenirs de 1830, et les rapprochemens accablans que les lieux