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REVUE DES DEUX MONDES.

CÉCILE.

Je ne verrais pas votre visage, ; venez, Valentin, obéissez.

VALENTIN.

Où tu voudras, charmante fille ; où tu iras, je te suivrai. Ne m’ôte pas cette main tremblante, laisse mes lèvres la rassurer.

CÉCILE.

Je n’ai pas pu venir plus vite. Y a-t-il long-temps que vous m’attendez ?

VALENTIN.

Depuis que la lune est dans le ciel ; regarde cette lettre trempée de larmes ; c’est le billet que tu m’as écrit.

CÉCILE.

Menteur ! C’est le vent et la pluie qui ont pleuré sur ce papier.

VALENTIN.

Non, ma Cécile, c’est la joie et l’amour, c’est le bonheur et le désir. Qui t’inquiète ? Pourquoi ces regards ? que cherches-tu autour de toi ?

CÉCILE.

C’est singulier ; je ne me reconnais pas ; où est votre oncle ? Je croyais le voir ici.

VALENTIN.

Mon oncle est gris de chambertin ; ta mère est loin et tout est tranquille. Ce lieu est celui que tu as choisi, et que ta lettre m’indiquait.

CÉCILE.

Votre oncle est gris ? Pourquoi, ce matin, se cachait-il dans la charmille ?

VALENTIN.

Ce matin ? où donc ? que veux-tu dire ? Je me promenais seul dans le jardin.

CÉCILE.

Ce matin, quand je vous ai parlé, votre oncle était derrière un arbre. Est-ce que vous ne le saviez pas ? Je l’ai vu en détournant l’allée.

VALENTIN.

Il faut que tu te sois trompée ; je ne me suis aperçu de rien.

CÉCILE.

Oh ! je l’ai bien vu ; il écartait les branches ; c’était peut-être pour nous épier.

VALENTIN.

Quelle folie ! tu as fait un rêve. N’en parlons plus. Donne-moi un baiser.

CÉCILE.

Oui, mon ami, et de tout mon cœur ; asseyez-vous là près de moi.