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DE L’ALLEMAGNE.

principes constitutionnels. La vive discussion de la loi sur la presse, la longue collision entre les deux chambres, les transactions auxquelles on dut se prêter de part et d’autre, attestèrent également et les tendances libérales et la modération de l’opinion, qui semblait comprendre et embrasser comme chose sérieuse le mécanisme du gouvernement représentatif.

On éprouvera peut-être quelque étonnement de ce que les ordonnances de la diète, publiées après un assez long délai par le gouvernement bavarois, n’aient pas soulevé au sein des états de ces discussions véhémentes dont retentirent, en 1832 et 1833, d’autres tribunes allemandes. Il est certain, en effet, que la Bavière est le point où les résistances semblaient devoir être les plus vives, et où elles furent le plus promptement domptées. On doit faire observer pourtant que cette publication ne fut faite que « sous réserve de tous les droits consacrés par la charte constitutionnelle. » Ajoutons que plus tard, en ce qui se rapporte à l’établissement du tribunal arbitral créé en 1834, le gouvernement du roi Louis mit le plus grand soin à l’expliquer dans ce sens, que le jugement des différends entre les princes et les assemblées représentatives ne pourrait jamais être déféré à l’autorité arbitrale que du consentement des deux parties, interprétation parfaitement constitutionnelle assurément, mais qui rendrait à peu près nulle et de nul effet la création de la diète.

De telles explications, plus ou moins spécieuses, plus ou moins sincères, sont également importantes sous deux aspects divers : elles constatent d’abord la répugnance des souverains à subir, sans se réserver même le droit de protester contre eux, les arrêts d’une autorité étrangère, contre lesquels ne les protége plus la majesté de la couronne, puis surtout la nécessité de rassurer l’opinion, en présentant les garanties constitutionnelles comme en dehors de toute atteinte.

En Wurtemberg, l’opposition affecta des allures plus vives et plus menaçantes.

Sur la proposition formelle d’un de ses membres[1], la chambre des députés déclara les résolutions de Francfort attentatoires à l’indépendance des états germaniques et aux droits que le Wurtemberg tenait de sa constitution. Elle insista énergiquement pour contraindre le roi à expliquer dans un sens constitutionnel l’assentiment qu’il leur avait donné par l’organe de son ministre près la diète. Le gouvernement wurtembergeois, ne pouvant accepter un pareil vote, qui l’aurait placé dans une situation fort grave en face de la confédération, se détermina à dissoudre la chambre. Mais en vain s’attachât-il par tous les moyens à rassurer les esprits et à calmer l’opinion, en vain le ministère prononça-t-il dans le principe, pour expliquer l’adhésion du monarque aux décrets de Francfort, des paroles qui manquaient assurément ou de courage ou de sincérité[2] : tout fut inutile en Wurtemberg à

  1. M. Pfizer, 13 février 1833.
  2. « En portant ces décrets à la connaissance générale, et pour remédier aux malentendus que l’on répand sur leur signification, nous déclarons au nom de sa majesté le roi qu’on