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DU RÉSEAU DES CHEMINS DE FER.

dionale des deux canaux de Bourgogne et du Rhône au Rhin. Dans ce cas, il suffirait que le chemin de fer venant du nord fût poussé jusque-là.

Marseille est le premier port de France. L’importance que la Méditerranée acquiert tous les jours, la civilisation qui renaît à Constantinople, à Smyrne et à Alexandrie, en Grèce comme sur les bords de la mer Noire, et que nous devons ressusciter à Alger, tout promet à Marseille un immense avenir. Il ne peut donc entrer dans la pensée de personne de sacrifier Marseille. Mais un peu d’examen suffit pour reconnaître que le chemin de fer de Paris à Châlons, accouplé à l’amélioration du Rhône, serait bien autrement favorable à Marseille qu’un chemin de fer latéral au fleuve. Si l’on commençait en même temps le chemin de fer de Paris à la Méditerranée, du côté du midi, par un tronçon jeté entre Marseille et Arles ou Marseille et Avignon, ou plutôt Marseille et Beaucaire, les intérêts de Marseille seraient parfaitement satisfaits quant à présent. Dans l’intérêt exclusif du commerce de Marseille, on peut même citer plusieurs travaux locaux plus urgens que le chemin de fer de Lyon à Arles. Tels sont les docks et la nouvelle passe que les Marseillais attendent avec impatience, tel est le canal de Marseille à Bouc, qui compléterait la grande ligne ou plutôt les grandes lignes de navigation intérieure entre Marseille et Paris, Marseille et la mer du Nord, Marseille et l’Océan. Tel est le canal projeté depuis long-temps, et qui amènerait de la Durance à cette grande cité l’eau dont elle est dépourvue ; tel serait un système général d’irrigation qui rendrait à la culture, sur le littoral de la Méditerranée, de vastes terrains que les Romains cultivaient jadis, et qui, selon la tradition, étaient d’une admirable fertilité, parce que le peuple-roi avait su les arroser. Tel serait aussi un système hydraulique qui renouvellerait sans relâche l’eau empestée du port de Marseille.

Ainsi le chemin de fer de Paris à la Méditerranée pourrait, quant à présent, être réduit à deux tronçons, l’un de Paris à Châlons ou plutôt à Saint-Symphorien, l’autre de Marseille à Avignon ou seulement à Beaucaire, car la navigation du Rhône n’est pas plus mauvaise entre Avignon et Beaucaire qu’au-dessus d’Avignon. Le Rhône conserve même bien au-dessous de Beaucaire un régime identique à celui qui le caractérise plus haut ; il conviendrait cependant de choisir Beaucaire pour point d’arrivée du chemin de fer parti de Marseille, tel qu’il devrait être exécuté dans le réseau provisoire. Beaucaire tend à devenir un carrefour de chemin de fer, et il le sera très prochainement. C’est là que le chemin d’Alais au Rhône va se terminer ; c’est