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CHAMBRE DES PAIRS.

LA CONVERSION.

Que les idées et les études politiques aient, depuis quelque temps, dérivé vers des directions nouvelles, et qu’elles aient abandonné les théories sans application immédiate, pour se préoccuper uniquement du présent et des intérêts matériels, c’est un fait qu’on peut louer ou blâmer, mais qu’on ne saurait éviter de reconnaître, car il nous domine. Ce fait peut et doit froisser les imaginations vives ; il peut servir de thème et de prétexte à un acte d’accusation, à une sortie oratoire contre le matérialisme social ; on peut même adresser de justes reproches à quelques-unes de ses exagérations ; mais enfin il existe, il est, et dès-lors il faut, dans la sphère politique, le traiter comme toutes les puissances, c’est-à-dire compter avec lui, tout en le pesant à sa valeur.

Il est remarquable que ce ne sont pas seulement les partis qui subissent en ce moment une transformation, mais que la société elle même change d’humeur et de disposition d’esprit. Non-seulement les passions semblent avoir désarmé et se taisent dans la crainte de ne plus trouver d’échos, mais les théories et les idées que l’opinion paraissait accueillir avec le plus de faveur, il y a quelques années, semblent s’éteindre dans l’isolement et l’indifférence : résultat inévitable des excès ; ils sèment le dégoût et la défiance ; les réformes nécessaires ne rencontrent jamais de plus grands obstacles que les extravagances des novateurs.