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Paphnuce. — Celui dont le cœur est contristé ne peut montrer qu’un sombre visage.

Les disciples. — Quelle est la cause de votre affliction ?

Paphnuce. — L’injure que l’on fait au Créateur.

Les disciples. — Quelle injure ?

Paphnuce. — Celle qu’il lui faut souffrir de sa propre créature, faite à son image.

Les disciples. — Vos paroles nous effraient.

Paphnuce. — Quoique l’impassible majesté du Très-Haut ne puisse être atteinte par aucun outrage, cependant, s’il m’est permis de prêter métaphoriquement à Dieu les sentimens de notre faible nature, le plus sensible outrage que Dieu puisse éprouver, c’est de voir le monde mineur en révolte contre sa volonté, quand le monde majeur lui obéit sans murmures.

Les disciples. — Qu’est-ce que le monde mineur ?

Paphnuce. — L’homme.

Les disciples. — L’homme ?

Paphnuce. — Sans doute.

Les disciples. — Quel homme ?

Paphnuce. — L’homme en général (le genre humain).

Les disciples. — Comment cela se peut-il faire ?

Paphnuce. — Telle a été la volonté du Créateur.

Les disciples. — Nous ne comprenons pas.

Paphnuce. — En effet, cela n’est pas accessible à tous les esprits.

Les disciples. — Expliquez-nous ce mystère.

Paphnuce. — Écoutez.

Les disciples. — De toutes les forces de notre intelligence.

Paphnuce. — De même que le monde majeur est formé de quatre élémens contraires, mais qui par la volonté du Créateur s’accordent selon les lois de l’harmonie, de même l’homme est composé non-seulement de ces quatre élémens, mais de plusieurs autres parties qui sont encore plus contraires entre elles.

Les disciples. — Et qu’y a-t-il de plus contraire que les élémens ?

Paphnuce. — Le corps et l’ame ; car les élémens, bien que contraires, ont entre eux un point commun, qui est d’être matériels, au lieu que l’ame n’est pas mortelle comme le corps, ni le corps spirituel comme l’ame.


    tion de ce passage sur la musique, bien que Gerber l’eût cité dans son Dictionnaire des Musiciens. En revanche, l’auteur anonyme range Hrosvita parmi les musiciens, et lui attribue des compositions musicales. Il prétend que cette femme illustre a mis en musique le Panégyrique des Othons, ainsi que plusieurs de ses poèmes héroïques ; il ajoute « qu’on a encore d’elle le martyre d’une sainte mis en vers et en musique… » Nous craignons bien que ces assertions, dépourvues de preuves, ne soient le résultat d’une méprise. Hrosvita se sert fréquemment des mots modulari, componere ; peut-être ces expressions ont-elles induit en erreur l’auteur de l’article.