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REVUE DES DEUX MONDES.

Paphnuce. — Dans une étroite cellule, où elle pleure ses péchés.

Les disciples. — Gloire à la sainte Trinité !

Paphnuce. — Béni soit son nom redoutable, maintenant et dans tous les siècles !

Les disciples. — Amen.


Scène X.


PAPHNUCE seul.

Il y a trois ans[1] que Thaïs subit sa pénitence, et j’ignore si son repentir est agréable à Dieu. Je vais aller trouver mon frère Antoine, pour que, par son intervention, la vérité se manifeste à moi.


Scène XI.


LE MÊME, ANTOINE.

Antoine. — Quel bonheur inespéré ! quel sujet imprévu de joie ! ne vois-je pas Paphnuce, mon frère, mon compagnon de solitude ? C’est lui-même.

Paphnuce. — C’est moi.

Antoine. — Soyez le bien-venu, mon frère, votre arrivée me comble de joie.

Paphnuce. — Je ne suis pas moins satisfait de vous aborder que vous ne l’êtes de me recevoir.

Antoine. — Quel évènement si heureux, si agréable pour nous, vous a fait sortir de votre retraite et vous amène ici ?

Paphnuce. — Je vais vous le dire.

Antoine. — Je le souhaite.

Paphnuce. — Il y a plus de trois ans, une courtisane nommée Thaïs était venue s’établir dans notre voisinage. Non-seulement elle courait à sa perte, mais elle entraînait à la mort une foule d’ames égarées.

Antoine. — Oh ! déplorable désordre !

Paphnuce. — J’allai la trouver sous les dehors d’un amant. Tantôt je m’efforçai de ramener par de douces remontrances ce cœur livré à la volupté, tantôt je l’effrayais par d’énergiques conseils et de terribles menaces.

Antoine. — Ce mélange était bien approprié à ce genre de faiblesse.

Paphnuce. — Elle céda enfin, et, renonçant à ses habitudes, elle se voua à la chasteté et consentit à s’enfermer dans une étroite cellule.

Antoine. — Ce que vous m’apprenez me cause tant de satisfaction, que toutes les fibres de mon cœur en ont tressailli.

Paphnuce. — Il est naturel que votre sainteté se réjouisse, comme moi, de

  1. Le texte porte tres mansurni que Schurzfleish interprète par trois mois ; mais le sens exige trois ans. Peut-être faut-il lire tres mensuroe anni ?