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LE MUSÉE ÉTRUSQUE DU VATICAN.

modeleur, qui, après deux mille ans, fit refleurir la plastique et la céramique sur le sol de l’Étrurie. Le style de Lucca della Robbia est pauvre et gêné dans son apparente grandeur, et le premier aspect de ses terres cuites est toujours désagréable. Ce qui rend ce premier aspect si déplaisant, c’est ce vernis de faïence dont elles sont uniformément recouvertes ; ce vernis luisant et cru rend toujours la forme baveuse et difficile à saisir

Les Étrusques eurent aussi leurs terres cuites peintes, mais seulement dans les premiers temps de l’art. Le style de ces grossières peintures est égyptien ; les bas-reliefs de Bolsena sont l’expression la plus sincère de cette antique et primitive manière.


LES VASES.

Les Étrusques, qui excellaient dans la plastique, furent naturellement d’admirables potiers. « Leurs vases de terre peints sont la merveille de l’art chez les anciens ! » s’écrie Winckelmann, et cette fois son enthousiasme est justifié.

Que de difficultés à vaincre, en effet, pour arriver à cette sorte d’irréprochable beauté des vases antiques ! Il faut modeler d’abord une argile extrêmement friable et lui donner la forme que choisit l’artiste. Ce vase qu’on ne pouvait présenter au feu qu’avec les plus grandes précautions[1], on le recouvrait ensuite d’un émail en quelque sorte insaisissable, et qu’il fallait bientôt enlever de toutes les parties que le dessin devait recouvrir. Que de science de composition et d’études de détail ne suppose pas ce seul dessin, qui souvent n’est rien moins qu’un magnifique bas-relief peint et renfermé dans un espace de quelques pouces ! Cette composition terminée, il faut la transporter du premier coup sur le vase, car l’argile, rebelle depuis la cuisson, ne souffre plus ni tâtonnemens ni retouches. On a supposé, sans toutefois en donner la preuve, que les artistes étrusques se servaient de calques en cuivre[2] ; mais comment appliquer ces

  1. Le potier le saisissait à la base et près du cou avec deux petites branches en fer et le plaçait dans un fourneau recouvert et isolé. Une vignette du second volume du voyage de l’abbé de Saint-Non dans le royaume de Naples, exécutée d’après une cornaline antique, nous représente un de ces fourneaux dans lequel le potier va placer un vase.
  2. Caylus, Rec. d’antiq. 86.