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LE MUSÉE ÉTRUSQUE DU VATICAN.

curieux et toute une boutique d’orfèvrerie. Mais, avant de décrire ce tombeau, il est nécessaire, pour en faire mieux comprendre la disposition, d’entrer dans quelques détails sur les sépultures étrusques, qui semblent autant de musées souterrains.

Les Étrusques, comme la plupart des autres peuples, creusèrent d’abord de simples fosses dans lesquelles ils déposaient les morts. Ils ensevelissaient à leurs côtés leurs armes, leurs meubles et leurs idoles d’affection ; les vases qu’on trouve dans ces fosses sont de terre noire et d’un travail grossier ; c’est l’enfance de l’art et le commencement de la nation.

Aux fosses succédèrent les cuniculi ; c’étaient des couloirs horizontaux creusés à une grande profondeur. Ces couloirs ou galeries aboutissaient à un puits rond ou carré. Ce puits, renfermant plusieurs étages de couloirs convergeant tous au même centre, était commun à la ville ; chaque famille avait son couloir où elle ensevelissait ses morts. Quand toutes les places du couloir étaient occupées, on en fermait l’entrée avec une grosse pierre ; lorsqu’enfin tous les couloirs d’un même puits étaient remplis, on comblait ce puits, ou bien on roulait un rocher sur son ouverture ; de cette façon, les cadavres, profondément cachés dans les entrailles de la terre, étaient nécessairement inviolables.

Ce genre de sépulture date encore des premiers temps de la nation, on l’a reconnu à la grossièreté des ouvrages déposés auprès des morts. En se civilisant, les Étrusques remplacèrent les fosses et les cuniculi par des chambres sépulcrales qu’ils creusaient dans le roc vif ou dans la terre la plus compacte, sur les pentes des montagnes, le long des fleuves, mais toujours le plus près possible des villes, dans lesquelles les lois étrusques défendaient les inhumations. On choisissait aussi de préférence le voisinage des routes fréquentées des voyageurs. Cette coutume était rationnelle chez les Grecs et les Romains, qui mettaient, en dehors du tombeau, l’épitaphe du mort ; mais on a peine à l’expliquer chez les Étrusques, qui plaçaient cette épitaphe en dedans, et qui se gardaient bien de trahir, par aucune décoration extérieure, le mystère de ces sépultures souterraines[1].

  1. Il y a cependant quelques exceptions à cette règle, mais seulement dans les nécropoles ou réunions de tombeaux. Par exemple, la roche qui contient les célèbres tombeaux du Val d’Asso est ornée de divers détails de sculpture architectonique, et à son sommet on voit gravés en grandes lettres étrusques ces mots :

    saufs et en paix.

    À Bolsena, on distingue quelques restes d’architecture qui laisseraient croire à