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dans ses limites actuelles. Ces révolutions ont été fréquentes sur les plages de la mer du Nord : on sait que la Hollande presque entière a été conquise ou plutôt reprise sur l’Océan.

Le Weser, fleuve plus important, se forme de la jonction de deux rivières, la Werra et la Fulda : la première vient de la Thuringe et passe à Eisenach, au pied de ce château de la Wartbourg, célèbre par le séjour de sainte Élisabeth, plus célèbre encore par celui de Luther ; la seconde, née dans les montagnes du Rhoen, arrose la vieille abbaye de Fulde, où saint Boniface vint planter l’étendard de la croix au milieu des païens de la Buchonie, et la jolie ville de Cassel, résidence des souverains de la Hesse électorale. Le Weser commence à Münden, où les deux rivières se réunissent. Ses bords sont pittoresques comme l’est en général tout le pays de Hesse, jusqu’au moment où il sort des montagnes par le passage appelé Porte de Westphalie. Il entre alors dans cette plaine uniforme dont les caractères ont été décrits plus haut, et arrive à Brême, vieille ville hanséatique, sauvée, avec trois autres, du naufrage où a péri l’indépendance de cette foule de villes libres de l’ancien empire germanique. Au-dessous de Brême, le fleuve s’élargit beaucoup, puis se divise en deux bras que sépare un grand banc de sable et qui se réunissent bientôt pour se confondre dans l’Océan. La Hesse, le Hanovre, la Westphalie, la Saxe même, portent une grande partie de leurs eaux au Weser, dont le plus grand affluent est l’Aller, et qui offre une voie commode à un commerce dont Brême est le grand marché.

Des landes désertes et des tourbières s’étendent entre l’embouchure du Weser et celle de l’Elbe. L’Elbe prend sa source en Bohême dans la partie la plus élevée des montagnes des Géants, et entraîne avec la Moldau, son affluent et au moins son égale, toutes les eaux de ce royaume. Il s’ouvre un passage vers le nord à travers les monts métalliques, et l’étroite vallée qu’il creuse entre leurs escarpemens présente un ensemble de sites remarquables qui lui ont mérité le nom de Suisse saxonne et bohémienne. Cette contrée est couverte de rochers qui offrent les formes les plus singulières et les accidens les plus fantastiques, surtout en Bohême, près d’Hirnisch-Kretschen, et en Saxe, à l’endroit où s’élève le Bastion (die Bastey), comme une fortification naturelle suspendue à pic sur le fleuve. Ce ne sont que cavernes, arcades naturelles, aiguilles, obélisques, dont l’élégante bizarrerie rappelle quelquefois les fantaisies les plus originales des architectes du moyen-âge. La vallée de l’Elbe s’élargit à Dresde, quoique dominée encore par des collines riantes qui finissent au-delà