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vient de lui assigner dans le règne végétal. Mais peu nous importe, à nous autres pauvres ignorans, qu’elle appartienne à la classe des Monocotylédones ou à celle des Dicotylédones ; il nous suffit de savoir qu’elle est le principal ornement des eaux, et un ornement semé avec profusion, car la nature l’a répandue sur toutes les parties du globe où la végétation conserve quelque vigueur.

Dans nos pays, cette famille est représentée par deux belles espèces que tout le monde connaît : l’élégant nymphea blanc, appelé quelquefois lis des étangs, et le nénuphar commun, dont la fleur, un peu lourde de formes, mais éclatante de couleur, sème de rosaces d’or la nappe verte que déploient ses larges feuilles.

Ces deux plantes, communes dans les eaux dormantes et dans les parties les moins profondes des rivières dont le cours est peu rapide, s’accommodent de climats fort différens ; ainsi nous les voyons atteindre d’un côté les régions les plus chaudes de l’Europe, et de l’autre s’étendre jusqu’en Suède où elles ont à braver de rigoureux hivers. Elles se trouvent aussi dans le nord de l’Asie et de l’Amérique.

Une deuxième espèce de nymphea, l’espèce à fleurs bleues, est beaucoup plus délicate, et, en France (du moins à Paris), elle a besoin, pour vivre, de l’abri de nos serres. Elle est originaire des pays chauds, et très commune, par exemple, dans la vallée du Nil. Sa fleur, d’un bleu tendre délicatement nuancé, mérite bien les éloges qu’en ont faits les voyageurs ; au reste, elle n’est certainement pas plus belle que celle de notre lis des étangs, et ses feuilles, beaucoup plus petites, offrent, au lieu d’un vert gai, une teinte livide peu agréable à l’œil.

Le nymphea bleu et un autre nymphea à fleurs blanches, différent de celui de notre pays, se trouvent souvent représentés sur les monumens égyptiens, tant dans les sculptures qui couvrent les murailles des temples et des palais, que dans les peintures qui décorent les hypogées ; mais une autre espèce, qui figure sur les mêmes monumens, et qui l’emporte à beaucoup d’égards sur toutes celles que nous avons nommées, c’est le lotus rose des anciens, le nelumbo élégant des botanistes modernes.

Le lotus rose est mentionné par un grand nombre d’écrivains grecs et latins, tantôt sous ce nom de lotus, qui a été aussi donné à plusieurs autres végétaux, et tantôt sous celui de lis du Nil. Quelques-uns enfin, considérant moins la beauté de la fleur que les usages économiques du fruit, ont désigné la plante par le nom prosaïque de fève d’Égypte. C’est ainsi que l’appelle Théophraste, qui, d’ailleurs,