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LE TOMBEAU
DE NAPOLÉON.

Encore quelques mois, et les cendres qui depuis vingt ans reposent à Sainte-Hélène auront traversé les mers et seront déposées sur le sol de France.

La poésie regrettera ce lointain mystérieux, ce rocher battu de la tempête, ce mausolée de création divine échangé contre une tombe de main d’homme. L’histoire à son tour pourra, par d’autres motifs, ne pas applaudir à cette translation ; mais qu’importe ? là n’est plus la question. Le fait est accompli : les cendres sont à bord du navire ; elles arrivent, il leur faut un tombeau.

C’est sous la coupole de l’église des Invalides que ce tombeau doit s’élever. Confier la dépouille du grand capitaine à la garde de ses soldats mutilés, c’est une noble idée ; encadrer, enchâsser pour ainsi dire sa mémoire dans un monument déjà consacré, c’est une idée habile, c’est de la politique : mais est-ce une idée d’artiste ? Pour nous, c’est uniquement là ce que nous voulons examiner.

On peut bien dire à la tribune et répéter dans le Bulletin des Lois : Tel monument s’élèvera dans tel lieu. — Mais le monument sera-t-il