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diète, où les mêmes intérêts qui avaient lutté à Vienne allaient se retrouver en présence ? Aussi ne vint-elle pas de cette assemblée, et fut-elle le résultat d’une série d’évènemens qui trompèrent toutes les prévisions et intervertirent tous les rôles. Nous entrons ici dans la période la plus importante et la plus décisive de l’histoire de la confédération germanique. Rien n’est peut-être plus propre à faire comprendre l’Allemagne, ses idées, ses opinions et ses passions que le tableau de ces années orageuses qui s’étendent du congrès de Vienne au congrès de Carlsbad. Nous allons essayer de le retracer aussi brièvement et aussi clairement que possible.

II. – situation des partis en allemagne depuis 1815 jusqu’en 1819.
— congrès de carlsbad.

Les nombreuses omissions que nous avons signalées dans l’acte fédéral firent, comme on peut le croire, une pénible impression sur l’opinion publique. La nation allemande, après tant de promesses d’une part et tant d’espérances de l’autre, restait sans garanties contre le pouvoir absolu des princes, sans tribunal fédéral pour protéger les sujets contre l’arbitraire des gouvernemens, sans institutions politiques déterminées. Rien n’était décidé sur la liberté de la presse, sur la liberté individuelle, sur la diminution des armées, sur les rapports commerciaux entre les états confédérés, sur la constitution et la dotation de l’église, sur bien d’autres points non moins importans. Les princes n’avaient rien perdu de l’autorité sans limites qu’ils s’étaient arrogée et qui pour plusieurs d’entre eux n’était fondée que sur des usurpations formelles et sur cet acte de la confédération du Rhin qui avait fondé en Allemagne la domination étrangère. Des plaintes s’élevèrent donc de toutes parts ; la confiance commença à s’altérer et à faire place au mécontentement et à l’inquiétude. Cependant on fondait encore des espérances sur la diète à laquelle de si grands pouvoirs avaient été confiés, et qui était expressément chargée de remplir, dès sa première réunion, plusieurs lacunes importantes du pacte fondamental ; mais ces espérances s’évanouirent bientôt, et il n’en pouvait pas être autrement. La diète, en vertu de l’acte qui la constituait, ne pouvait prendre de résolutions sur les grands objets qu’à l’unanimité ; or, c’était précisément sur les questions les plus essentielles qu’existaient les dissentimens les plus prononcés entre les princes de la confédération. Aussi, la plupart de ces questions, loin d’être résolues, ne furent pas même abordées, et