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REVUE
DE
LA LITTÉRATURE ANGLAISE.

Un aide-de-camp de Tibère (adjutor), qui avait bien autant d’esprit que son maître, disait que les talens et les génies traversent les âges par bataillons, portant le même uniforme, soit de médiocrité, soit de grandeur. C’est une observation un peu militaire, mais fort juste ; on serait tenté de croire que l’Allemand Hegel, créateur du système des époques, l’a empruntée à Velleius-Paterculus, tel était le nom de l’officier romain. En effet, on voit dans tous les temps les intelligences s’avancer par masses et par détachemens, qui portent les mêmes couleurs et se soumettent au même étendard. L’essor magnifique et solennel de toutes ces intelligences, pour ainsi dire ailées, qui, d’Eschyle à Euripide, ont traversé le ciel orageux et splendide de la Grèce, les présente à l’imagination comme une seule cohorte, variée seulement par les nuances, analogue par le caractère général. À Rome, la période du génie cicéronien et virgilien compose une ère bien marquée. En France, vous avez le XVIe siècle d’une part, avec Montaigne et Rabelais ; d’une autre, la phase de Louis XIV, glorieuse