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SIMONE.

Qu’un fuseau dévidé par elle.
L’un soupirant, l’autre filant,
La saison des fleurs s’en mêlant,
Enfin, comme il n’est en ce monde
Si petite herbe sous le pié
Qu’un jour de printemps ne féconde,
Ni si fugitive amitié
Dont il ne germe une amourette,
Un jour advint que le fuseau
Tomba par terre, et la fillette
Entre les bras du jouvenceau.

Près des barrières de la ville
Était alors un beau jardin,
Lieu charmant, solitaire asile,
Ouvert pourtant soir et matin.
L’écolier, son livre à la main,
Le rêveur avec sa paresse,
L’amoureux avec sa maîtresse,
Entraient là comme en paradis,
(Car la liberté fut jadis
Un des trésors de l’Italie,
Comme la musique et l’amour).
Le bon Pascal voulut un jour
 En ce lieu mener son amie,
Non pour lire ni pour rêver,
Mais voir s’ils n’y pourraient trouver
Quelque banc au coin d’une allée
Où se dire, sans trop de mots,
De ces secrets que les oiseaux
Se racontent sous la feuillée.
Si tôt formé, si tôt conclu,
Ce projet n’avait point déplu
À la brunette filandière ;
Et, le dimanche étant venu,
Après avoir dit à son père
Qu’elle avait dessein d’aller faire
Ses dévotions à Saint-Gal,
 Au lieu marqué, brave et légère,
Elle courut trouver Pascal.