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L’ACADÉMIE FRANÇAISE.

Réception de M. Flourens. — Les Candidatures.

Nous venons d’assister à un spectacle qui, s’il n’est pas toujours très amusant, n’a du moins jamais cessé de piquer la curiosité parisienne : lutte de paroles, tournoi d’esprit, dont les occasions, pour surcroît d’attrait, ont été, dans ces derniers temps, extrêmement rares. Depuis l’année 1836, où M. Mignet vint, sous la coupole des Quatre-Nations, remplacer l’auteur des Templiers, il n’y avait eu aucune séance de réception à l’Académie française. Grace à cet intervalle, qui d’ailleurs n’a pu paraître trop long à personne, pas même aux héritiers présomptifs, la cérémonie du 3 décembre dernier était pour beaucoup d’assistans une sorte de nouveauté. L’auditoire, en pareille circonstance, se compose des amis de l’académicien dont on va faire un double éloge, des adversaires, toujours nombreux, et des amis du récipiendaire, de lauréats passés ou futurs, de jeunes femmes même, et de gens du monde, ou d’étrangers, qui viennent chercher, et ne trouvent pas toujours, une distraction. De ce mélange de bienveillance, de malice et de neutralité, qui se font mutuellement contrepoids, résulte un jury, qui sanctionne ou improuve le choix du nouvel académicien. Un discours de réception réussit ou tombe, comme une pièce nouvelle ; c’est pour les spectateurs une émotion tout-à-fait analogue à celle d’une première représentation.