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Le 27, l’escadre se trouva de nouveau réunie au premier mouillage ; mais, comme on ne voyait venir aucune jonque du côté de la terre, l’ordre fut donné de se préparer à l’offensive. On avait découvert un chenal par lequel on pensait que la Modeste, que l’on pouvait alléger de manière à ce qu’elle ne tirât qu’un peu moins de douze pieds d’eau, entrerait dans le Pey-ho, attendu que le steamer le Madagascar, tirant onze pieds neuf pouces, y avait déjà passé et avait évité le banc de sable qui ferme en partie l’embouchure de la rivière. La corvette fut envoyée à l’entrée du passage, où elle jeta l’ancre, prête, avec ses embarcations, à passer la barre et à agir contre les forts dans la matinée suivante. (Lord Jocelyn assure que la corvette n’aurait pu franchir cet obstacle, son tirant d’eau étant encore trop considérable, et que le steamer lui-même n’aurait pu pénétrer dans la rivière qu’à la faveur des plus fortes marées). En même temps, on prépara et on arma toutes les embarcations de l’escadre, et on fit l’appel d’environ sept à huit cents hommes de troupes de débarquement, dont cent cinquante soldats de marine. Cependant, le matin de très bonne heure, l’escadrille d’avant-garde signala une jonque mandarine gouvernant sur la flotte, ce qui eut pour effet de refroidir considérablement l’ardeur et les espérances belliqueuses de ceux qui avaient déjà rêvé l’invasion de Péking. La jonque vint le long du bord du Wellesley, l’aide-de-camp parut bientôt, et, produisant la lettre promise de Ké-shen, annonça qu’il était venu le jour précédent au rendez-vous, mais que, ne voyant aucun des vaisseaux au mouillage, il était reparti pour passer la nuit à terre. Tout devint donc de nouveau couleur de rose. La lettre annonçait qu’on avait pris les ordres de l’empereur mais que dans une affaire aussi compliquée, on devait s’attendre à ce qu’il se présentât de nombreuses difficultés qu’on pourrait espérer résoudre plus aisément dans une conférence ; qu’en conséquence le vice-roi proposerait que l’un des plénipotentiaires lui fît la faveur de le visiter à terre, et qu’il aurait l’honneur de le recevoir dans ses tentes, où l’on pourrait discuter à l’aise le sujet important qui les avait amenés. Il paraît que les termes et les expressions dont se servait Ké-shen dans sa lettre étaient parfaitement convenables. Il proposait que ce fût le capitaine Elliot qui prît la peine de se rendre à terre, et il expliquait cette proposition en faisant observer que, « selon les usages de son pays, il ne pouvait sans déroger à la dignité de son rang (qui, comme vice-roi de Pé-tchi-li, province

    Il paraît que les mines sont situées dans l’intérieur, mais à la distance d’un mille et demi seulement d’un point où de grandes embarcations arrivent au moyen d’un enfoncement de la mer. L’exploitation est encore peu considérable, la demande étant limitée à une place dans le nord, appelée Kaî-tchou, distante d’environ soixante à soixante-dix milles de Too-tchou, où l’on expédie tous les ans environ vingt cargaisons de trente à quarante tonneaux chaque. Le prix de ce combustible, livré à bord, est de 160 cash par picul (133 livres angl.) ou environ 12 shellings 6 pence par tonneau, et à Kaî-tchou il se vend 320 cash par picul. Il paraîtrait que cette croisière a été l’occasion d’observations intéressantes sur la géologie et les productions de ces contrées.