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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 juin 1841.


La politique étrangère n’a rien offert dans la quinzaine qui vient de s’écouler qui annonce une solution immédiate des questions pendantes. Nous avons lu ce qu’on pourrait appeler la consultation des signataires du traité du 15 juillet sur les modifications que Méhémet-Ali exige dans l’hatti-shériff d’investiture. Cette note fait sans doute faire un pas à la question, mais ne la résout pas complètement. La Porte s’est-elle décidée enfin, malgré toutes les intrigues du sérail et la vanité musulmane, à déchirer la première investiture et à signer la concession nouvelle ? Méhémet-Ali consentira-t-il à des clauses et à des restrictions qui ne laissent pas, surtout en ce qui concerne ses forces militaires, d’être blessantes pour son amour-propre ?

Il est difficile de croire que le pacha ignore ce qui se passe soit en Orient, soit en Europe : d’un côté, l’Arabie et les villes saintes secouant de nouveau le joug de la Porte, la Syrie mécontente et agitée, la Thessalie et l’Épire en fermentation, la Bulgarie opprimée, écrasée plus encore que pacifiée, Candie en pleine révolte, et levant hardiment l’étendard du christianisme et de la Grèce ; de l’autre côté, l’alliance du 15 juillet dissoute de fait et impatiente de l’être aussi de droit, l’Autriche et la Prusse bien décidées à ne plus se mêler activement de la querelle turco-égyptienne, tenant le traité du 15 juillet pour un fait accompli et qu’on ne saurait renouveler, l’Angleterre agitée à l’intérieur, la Russie voyant de plus en plus approcher le moment où la question orientale éclatera tout entière ailleurs qu’à Alexandrie ; enfin la France isolée, mais armée, désirant la paix, voulant la paix, recommandant la paix, franchement, sincèrement, sans doute, mais qui, cependant, n’a pas oublié la guerre ; la France, dont l’opinion, pleine au fond de sens et de dignité, impo-