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appliquée par l’inventeur à la médecine et particulièrement à la mesure de la vitesse du pouls.

Une circonstance singulière porta bientôt Galilée vers l’étude des mathématiques. Son père connaissait l’abbé Hostilius Ricci, qui enseignait la géométrie aux pages du grand-duc, et qui les accompagnait l’hiver à Pise lorsque la cour s’y rendait. Dès que l’abbé Ricci fut arrivé à Pise, Galilée s’empressa d’aller le visiter, mais il le trouva donnant sa leçon aux pages dans une salle où les étrangers ne pouvaient pénétrer. Il renouvela plusieurs fois ses visites, et comme il trouvait toujours le professeur avec ses élèves, Galilée, s’arrêtant à la porte, se mit à écouter ce que l’on disait dans la salle. La géométrie était faite pour plaire à son esprit ; il retourna fréquemment au palais, et ces leçons d’un nouveau genre se continuèrent pendant deux mois. Bientôt il se procura un Euclide, et sous prétexte de consulter Ricci sur une difficulté, il lui fit connaître par quels moyens il s’était introduit dans l’étude de la géométrie. Fier d’un tel élève, Ricci l’engagea à suivre ouvertement le cours et s’offrit à lui aplanir les difficultés qu’il pourrait rencontrer.

Galilée avait alors dix-neuf ans, et la géométrie captiva tellement son attention, que bientôt il négligea tous ses autres travaux. Informé de ce relâchement sans en connaître la cause, son père vint à Pise pour le ramener à l’étude, mais il fut bien surpris de le trouver plus appliqué que jamais. Après des combats inutiles, on permit à Galilée de suivre exclusivement les sciences, et Ricci lui fit cadeau d’un Archimède. Le jeune mathématicien fut tellement stimulé par la lecture des écrits de l’illustre géomètre de Syracuse, que désormais il ne voulut plus avoir d’autre guide, disant que quiconque suit Archimède peut marcher hardiment sur la terre et dans le ciel.

Sous ce grand maître, il fit des pas de géant ; à vingt-un ans il avait perfectionné la théorie des centres de gravité des solides, et comme le bruit de ses succès commençait à se répandre, Vincent Galilée, qui succombait sous la charge d’une nombreuse famille, demanda une bourse pour son fils ; le grand duc la lui refusa. Pauvre et ne recevant aucun encouragement, Galilée se vit bientôt forcé de quitter l’université sans s’être fait recevoir docteur.

Cependant son nom devenait célèbre. À vingt-quatre ans, il était en correspondance avec le père Clavius, habile astronome, avec le géographe Ortelius, et avec d’autres savans bien dignes d’apprécier son talent. Mais le plus ardent de ses admirateurs, le plus utile de ses amis, fut le marquis Del Monte, géomètre distingué, qui l’appe-