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GALILÉE.

Traité de mécanique, où il appliquait le principe des vitesses virtuelles, qu’il considéra le premier comme une propriété générale de l’équilibre des machines, ne parut qu’environ quarante ans après, traduit en français par les soins du père Mersenne. Le Traité des fortifications n’a été imprimé que dans notre siècle. La Gnomonique est perdue et le Traité de la sphère qu’on a publié sous le nom de Galilée, n’est certainement pas de lui ; car non-seulement on y trouve des opinions diamétralement opposées à celles qu’il professa toujours, mais on y remarque aussi une méthode de raisonnement qui ne pouvait être la sienne. Cette indifférence pour la publication de ses ouvrages et cette libéralité de communication caractérisent Galilée. Nous ne nous lasserons jamais de constater ce fait, afin de pouvoir plus facilement combattre les prétentions de ceux qui ont voulu lui ravir la gloire de ses découvertes.

Suivant tous les biographes, ce fut pendant les premières années de son séjour à Padoue que Galilée imagina un instrument fort important en lui-même, et plus important encore parce que c’était un des premiers exemples de l’application d’un phénomène physique à la mesure de l’intensité d’une cause. Il s’agit ici du thermomètre, dont l’invention a été attribuée à un si grand nombre de personnes, mais qui semble indubitablement appartenir à Galilée.

Jusqu’alors on s’était presque toujours borné à estimer l’intensité des causes physiques et des forces qui agissent sur les corps naturels, d’après l’impression qu’elles produisent sur nos sens. Cette évaluation ne pouvait avoir rien de précis, car il aurait fallu avoir de plus un autre instrument propre à mesurer les rapport des sensations entre elles. Et d’ailleurs les hommes ne conservant qu’imparfaitement le souvenir des impressions qui se succèdent, toute comparaison devenait impossible, même dans un seul individu, et pourtant on ne peut mesurer sans établir des rapports. Quant aux sensations éprouvées par différentes personnes, il n’y avait aucun moyen de les comparer entre elles. Parmi les phénomènes qu’on observe habituellement, il n’y en a pas qui aient plus d’importance pour nous que les phénomènes calorifiques. La santé des hommes et des animaux, les travaux de l’agriculture, les arts les plus utiles et les plus nécessaires, dépendent surtout de la chaleur ; et cependant jusqu’au moment où Galilée inventa le thermomètre, il n’y avait aucun moyen de déterminer la température, et tout se bornait à dire : « J’ai chaud ou j’ai froid. » Ce grand physicien ayant remarqué que l’air, comme tous les corps en général, se raréfie par la chaleur et