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GALILÉE.

appelée autrement, mais, de plus, d’après la procédure du saint-office, il aurait été impossible aux inquisiteurs de ne pas faire ainsi subir la torture à Galilée, dès qu’ils le soupçonnaient sur son intention. Nous possédons le manuscrit original d’un procès de l’inquisition de Novare de l’année 1705, ainsi que les dépositions des témoins et les interrogatoires, accompagnés de la correspondance autographe des inquisiteurs de Novare avec la cour de Rome, au sujet d’une femme qui avait épousé une autre femme. Le délit était constant, et l’accusée avouait tout ; cependant elle fut soumise au rigoureux examen dès le moment où on la soupçonna sur l’intention, car on voulait s’assurer si la femme qui avait joué le rôle de mari, à l’aide de certains artifices qu’il nous est impossible d’exposer ici, savait qu’elle commettait un péché en épousant une autre femme. C’est là ce qu’on appelait le doute sur l’intention. Au milieu des tortures, cette malheureuse déclara toujours qu’elle savait commettre un péché, et échappa ainsi au supplice. Si elle avait paru ignorer que ce mariage fût un péché, elle aurait été considérée comme hérétique et livrée aux flammes. Dans le procès de Novare, il n’y a pas d’équivoque possible sur la torture ; dans l’interrogatoire, les inquisiteurs ont même eu soin d’enregistrer les cris et les lamentations de la victime. Voici le passage original qui retrace les souffrances de cette infortunée :

« Alors, les susdits seigneurs (les inquisiteurs), après avoir répété la protestation précédente, et y persistant fermement, ordonnèrent qu’elle (l’accusée) fût élevée en haut ; et étant ainsi suspendue, elle commença à crier et à dire : Ahi, ahi ! Mon Dieu, ahi ! »

La séance se termine par le récit fort calme des soins qu’on donnait aux personnes qui avaient subi la torture : « Et comme on ne pouvait en tirer autre chose, les susdits seigneurs ordonnèrent qu’elle fût descendue de l’instrument du supplice, qu’on la détachât, qu’on lui remît les bras, qu’on la rhabillât et qu’on la reconduisit en prison. »

Nous sommes convaincu que, si l’on possédait en entier le procès original de Galilée, on y trouverait un récit analogue. On ne doit pas omettre que dans la sentence de l’inquisition de Novare il n’est pas plus question de torture que dans la condamnation de Galilée. Tout cela était si régulier et si ordinaire dans les procès de l’inquisition, qu’on ne prenait pas la peine d’en parler. Il n’y a d’allusion à ce sujet que dans un passage commun aux deux sentences, où il est dit : « Qu’interrogé sur l’intention, l’accusé a répondu catholiquement. »

Pour lever les doutes à cet égard, il faut lire l’Arsenal sacré, qui