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LITTÉRATURE DE L’ARCHIPEL D’ASIE.

les gestes d’une pantomime expressive au récit que le dalang ou chef de la troupe, chante au son d’un instrument appelé gamelan, tantôt par des figures en cuir de buffle peint ou doré, de dix-huit pouces à deux pieds de haut, que l’on fait mouvoir derrière un rideau transparent. Le caractère des wayangs les assimile plutôt à offrir aux spectateurs le tableau des passions mises en jeu ou la satire des vices et des ridicules de la vie humaine.

Les romans, et sous ce titre je réunis tous les ouvrages d’imagination autres que le drame, les romans abondent dans la littérature javanaise moderne et en forment la principale richesse. La plupart de ces compositions ont un caractère élégiaque ; rarement elles s’élèvent jusqu’à la majesté des conceptions et du style de l’épopée ; elles brillent plutôt par la peinture des mouvemens doux et tendres de l’ame, par des descriptions pleines de grace et de fraîcheur des scènes de la nature.

La littérature malaye, ayant fixé depuis plus long-temps que la littérature javanaise l’attention des orientalistes, est aujourd’hui mieux connue ; les secours ne manquent plus pour en aborder l’étude ; des textes et des traductions de bons ouvrages ont été publiés. Les Anglais et les Hollandais, maîtres de l’archipel d’Asie, ont rassemblé de riches collections de manuscrits dont la plus belle est sans contredit celle de Raffles, conservée comme sa collection javanaise à la Société royale asiatique de Londres. Mes recherches dans la bibliothèque de cette société me permettront de fournir ici quelques notions sur la littérature malaye, destinées à compléter celles que nous ont données les philologues anglais.

Quoique tous les ouvrages que cette littérature possède actuellement aient été rédigés depuis l’introduction de l’islamisme, cependant le plus grand nombre, du moins ceux qui sont originaux, appartiennent, pour le fond du sujet, à des temps bien antérieurs à cet évènement. En renonçant à leur ancienne foi religieuse qui leur était venue de l’Inde, par l’intermédiaire des Javanais, les Malays n’ont point pour cela proscrit, comme les disciples du prophète dans la Perse et dans l’Inde, les livres que cette foi avait inspirés ; chez eux, au contraire, ce sont les traditions et les croyances des âges primitifs qui constituent le fond de cette masse de poèmes et de romans que leur langue a produits.

Les deux branches de littérature cultivées par les Malays avec une prédilection marquée sont l’histoire et le roman. Ce que j’ai dit