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qui méconnaissait les droits et les obligations du pouvoir central. Y eût-il, ce que nous n’admettons pas, quelque chose de plausible dans le système que plusieurs communes ont soutenu, certes l’erreur des ministres ne pouvait être dans ce cas une cause légitime d’une pareille résistance ; car, après tout, de quoi s’agissait-il ? D’un recensement, d’une vérification qui n’avait d’autre but que l’égale répartition de l’impôt, que l’exécution loyale et consciencieuse d’un principe fondamental de notre droit public. Le recensement devait avoir lieu. Toute la question était de savoir s’il devait être fait par les agens du fisc assistés des délégués du pouvoir municipal, ou par l’autorité municipale assistée des agens du fisc. Si le premier système était seul conforme à la saine interprétation de la loi, les conseils municipaux avaient sans doute le droit de réclamer. Il y a des recours pour toutes les infractions à la loi. En définitive, si un ministre persiste dans le fait qu’on lui reproche, les chambres sont ouvertes à toutes les réclamations et à toutes les plaintes.

Mais était-ce là un de ces dissentimens entre les pouvoirs politiques, et, pour parler le langage des opposans, une de ces violations de la loi qui légitime une résistance ouverte, quelles que puissent en être les conséquences ? Certes, nous sommes loin de vouloir attribuer aux magistrats de Toulouse l’émeute qui a failli ensanglanter les rues de cette grande cité. Nous sommes convaincus qu’ils ont déploré ces désordres. Toujours est-il qu’une affreuse collision a été sur le point d’éclater, et que ce danger n’aurait pas plané sur Toulouse, si la population n’eût pas été induite en erreur par la lutte de l’autorité municipale avec le pouvoir central.

Au surplus, l’impartialité nous force à reconnaître que, par une étrange fatalité, tous les hommes qui ont joué un rôle dans ces malheureuses affaires ont été au-dessous de la mission qui leur était confiée, au-dessous de leur réputation. Ils avaient, par je ne sais quel vertige, perdu leur capacité ordinaire et reconnue.

Aujourd’hui le calme paraît décidemment rétabli. Félicitons le gouvernement d’avoir remis les pouvoirs de commissaire extraordinaire à un magistrat aussi habile que dévoué, homme de sens, homme d’expérience, et qui saura allier à une juste fermeté une grande modération. Deux ordonnances royales ont prononcé la dissolution de la garde nationale et du conseil municipal de Toulouse.

La campagne d’Afrique est terminée. Peut-être aurait-il mieux valu disposer les choses de manière à pouvoir la terminer quinze ou vingt jours plus tôt. Sous le ciel brûlant de l’Algérie, quelques jours de fatigues, de marches, de bivouac, dans la saison des grandes chaleurs, suffisent pour encombrer de malades les hôpitaux et les ambulances.

On se prépare à une nouvelle campagne pour l’automne. Tout annonce qu’elle aura le même caractère et le même résultat que la campagne qui vient de finir. Nos admirables soldats ne reculeront devant aucun danger ; ils supporteront avec leur fermeté et leur gaieté accoutumées toutes les fatigues et toutes les privations ; mais pourront-ils atteindre l’ennemi, le saisir corps à corps, le terrasser ? Abd-el-Kader les connaît ; il n’ose pas les attendre. Aussi