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LES GAULOIS EN ASIE.

mens ; histoire difficile et morcelée par des lacunes irréparables, dont la philologie et l’ethnographie cherchent à rejoindre les lambeaux, et dans laquelle la patiente Allemagne a déjà apporté le tribut de ses lumières.

Pour nous, nous ne devons pas nous rappeler, sans un sentiment d’orgueil national, que les Gaulois ont pénétré jusqu’au centre de l’Asie mineure, s’y sont établis, et ont laissé dans ce pays des souvenirs impérissables. Si le nom de la France est le terme général sous lequel les Orientaux désignent les habitans de l’Europe, c’est que nos ancêtres ont influé d’une manière notable sur les destinées de l’Orient dès les premiers siècles de notre histoire. Cette influence, confondue avec celles des Romains, quand la Gaule elle-même fut réunie à leur empire, s’est relevée puissante et active, lorsque l’empire romain s’est écroulé ; les Latins ont renouvelé en Orient les exploits des Gaulois. C’est la France qui conduisait et poussait les essaims de croisés à travers les monts et les plaines de l’Asie, et, dans les temps modernes, c’est sous l’égide de François Ier et de Louix XIV que les nations chrétiennes commencèrent à commercer sans crainte avec les nouveaux vainqueurs de l’empire byzantin.

Une histoire des relations de la France avec l’Orient est encore à faire : c’est une lacune qu’il serait facile de combler. Les archives des chancelleries dans le Levant, et celles du ministère des affaires étrangères, offriraient des matériaux précieux. Celui qui voudrait se livrer à ces recherches ferait un livre vraiment national. Il prouverait qu’à toutes les époques la France a toujours été guidée par les plus nobles motifs, et que bien souvent elle a sacrifié ses propres intérêts à ceux de l’humanité et de la civilisation. C’est elle qui la première a fondé ces compagnies commerciales dont les Anglais ont compris tous les avantages. Sous Louis XIV, il y avait une compagnie du Levant, une compagnie d’Afrique, qui existait déjà depuis près d’un siècle, et une compagnie des Indes. D’où vient que tant de bonnes institutions, qui ont prospéré en d’autres mains d’une manière miraculeuse, ont été si stériles entre les nôtres ? Il y a là un secret qui serait sans doute dévoilé par une étude approfondie des documens qui doivent encore subsister, et dont nous pourrions profiter par la suite, dans l’intérêt de notre influence et de notre commerce en Orient.

L’invasion des Gaulois en Asie mineure, leur établissement dans les provinces qui prirent le nom de Galatie, forme le point de départ de l’histoire des relations de la France avec l’Orient. Il n’est donc