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LES GAULOIS EN ASIE.

Galatie asiatique fut placée au premier rang des puissances indépendantes de l’Asie mineure.

C’est vers cette époque que les Romains songèrent à porter leurs armes dans cette contrée. Fidèles à une politique qui leur avait toujours réussi, ils commencèrent à exciter contre les Gaulois, la seule nation qu’ils redoutassent, les princes de Phrygie et de Bithynie ; mais la présence d’Annibal dans le dernier royaume suffisait pour déjouer leurs intrigues Ce fut Attale, père d’Eumène, qui le premier déclara la guerre aux Gaulois[1], sous prétexte de s’affranchir de l’impôt que payaient les rois de Pergame, et cette guerre fut heureuse car les Gaulois se retirèrent au-delà du fleuve Sangarius. Cependant ils ne cessèrent pas de jouir d’une assez grande influence sur les princes de l’Asie mineure, prêtant leur secours intéressé dans les dissensions nombreuses qui divisaient ces princes souverains, et qui préparaient le succès des armes romaines. Ils envoyèrent un corps nombreux comme auxiliaire à Antiochus-le-Grand ; mais les conseils d’Annibal et la coopération des Gaulois ne le sauvèrent pas d’une défaite. La vengeance de Rome s’attacha bientôt aux alliés du roi : le consul M. Manlius, jaloux de surpasser les exploits de Scipion, marcha contre les Gallo-Grecs sans attendre les ordres du sénat. L’expédition de Manlius eut lieu l’an 565 de Rome (A. C. 189) ; il y avait quatre-vingt-neuf ans que les Gaulois étaient établis en Asie. En voulant accomplir son projet d’invasion dans la Galatie, le général romain fut assez habile pour décider les princes Attales à lui servir d’auxiliaires. Aidé des troupes de Pergame et guidé par des alliés qui connaissaient le pays et les populations, il n’hésita pas à se mettre en campagne. Néanmoins, au lieu de marcher directement sur la Galatie, il fit un long circuit en suivant la chaîne du Taurus.

C’est à Éphèse que le consul L. Scipion remit à Manlius le commandement des troupes. Le nouveau consul se transporta d’Éphèse à Magnésie ; c’est là qu’il fut rejoint par le prince Attale avec un corps de mille fantassins et deux mille cavaliers. La marche de Manlius dans l’Asie mineure, la direction oblique qu’il prit pour arriver chez les Galates, prouvent comme on le lui reprocha dans le sénat, que son but était autant de piller les villes et d’affaiblir les gouvernemens de l’Asie que d’attaquer les Gaulois, car sa route était par la Phrygie brûlée, c’est-à-dire de Smyrne à Kutayah ; il devait passer le San-

  1. A. C. 241 ans.