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tions de 1819, relatives aux universités, furent renouvelées, avec quelques dispositions supplémentaires. Pour assurer l’effet de ces mesures, il fallait achever de réduire les journaux au silence ; c’est ce que fit la diète le 26 juillet en abrogeant la loi sur la presse du grand-duché de Bade, et en supprimant encore quelques feuilles politiques qui avaient échappé jusqu’alors à la proscription.

Cette législation non-seulement rendait à la diète sa dictature quelque temps interrompue, mais encore lui conférait de nouveaux pouvoirs, plus étendus que ceux qu’elle avait possédés antérieurement. Non contente de briser les armes du parti révolutionnaire, elle réduisait en outre le parti constitutionnel à l’impuissance. Tous les deux s’efforcèrent de résister, chacun à sa manière et suivant les procédés qui lui étaient propres, l’un par les moyens violens, l’autre par les voies légales : tous les deux échouèrent également contre la force supérieure que l’union des princes donnait à l’autorité fédérale, et aussi contre l’indifférence ou le découragement des populations. Les complots du parti révolutionnaire eurent pour principal résultat l’échauffourée de Francfort, entreprise étrange où figurèrent surtout des étudians, qui, malgré la vigilance de la police, n’avaient pas cessé de former entre eux des sociétés secrètes, et qui, sous le nom d’Arminiens ou de Germains[1], continuaient à conspirer pour l’unité de l’Allemagne. Le 3 avril 1833, à neuf heures du soir, une troupe d’environ neuf cents hommes armés parcourut les rues de Francfort en criant vive la liberté ! et vint attaquer un corps-de-garde dont elle s’empara. Mais un bataillon de troupes de ligne, qu’on tenait prêt par suite d’avis secrets, marcha aussitôt sur les insurgés et les mit en fuite après une courte résistance. Plusieurs furent pris ; d’autres s’échappèrent et trouvèrent un asile en France ou en Suisse. Les conjurés eurent-ils la folle pensée qu’en se rendant maîtres de la résidence de la diète, des diplomates qui la composent et de ses papiers, ils arrêteraient le grand rouage de la confédération germanique et la mettraient dans l’impossibilité d’agir ? Voulurent-ils exercer une vengeance sur l’assemblée fédérale, faute de pouvoir atteindre jusqu’à ceux dont elle était l’instrument docile ? Cherchèrent-ils à s’emparer de Francfort à cause des intelligences qu’ils avaient dans les pays voisins, et leur tentative se liait-elle à d’autres complots qui devaient éclater en même temps sur plusieurs points ? C’est ce qu’il est diffi-

  1. Les deux principales sociétés de cette époque s’appelaient Arminia et Germania.