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ne saurait apprécier, l’auteur suit souvent de mauvais guides, et comme, excepté les faits individuels, il y a très peu d’opinions historiques qui soient reçues généralement, M. Cantù s’expose à adopter la moins probable et la plus erronée. Il est permis à un esprit supérieur d’esquisser à grands traits la marche de l’humanité, comme l’a fait M. Guizot ; mais, dès qu’on entre dans les détails, il est absolument impossible à un seul homme d’écrire une histoire universelle complète et développée. Nous nous bornons à ces observations sans descendre à une discussion des faits qui ne saurait trouver place ici, et nous répéterons à l’égard de M. Cantù ce que nous avons entendu dire souvent : c’est qu’il est bien dommage qu’un homme qui produit si facilement des volumes, ne sache trouver le temps d’écrire plus lentement et un peu moins.

À cette école d’historiens faciles se rattache M. Morbio, qui a entrepris à Milan la publication d’une Histoire des Municipalités italiennes, ouvrage qui aurait pu offrir le plus vif intérêt. Si l’auteur, qui fait aussi profession d’écrire très vite, et qui, pour s’excuser de sa précipitaiton, a été jusqu’à parodier le célèbre aphorisme : La vie est courte, l’art est long ! s’était du moins donné la peine de se demander ce qu’il fallait entendre par municipalités ! À propos de l’histoire de Florence, il publie un manuscrit volumineux qui ne traite de l’histoire de cette ville qu’à partir de la chute de la république. C’est là une nouveauté, car on ne s’était jamais douté que sous Côme Ier et sous ses successeurs il existât une municipalité à Florence. Les doucmens que M. Morbio a insérés dans son recueil, auraient pu avoir beaucoup d’importance, s’il les avait choisis avec soin ; mais l’auteur a eu la main si malheureuse que, dans un pays où les manuscrits historiques abondent, il est tombé sur des pièces qu’il a données comme inédites, et qui avaient déjà paru par parties dans des recueils de contes italiens.

Les travaux historiques sont beaucoup moins actifs dans le midi que dans le nord de l’Italie : à Rome et à Naples, on s’occupe principalement des monumens anciens dont les débris couvrent le sol. La Sicile, dont les Gregorio, les Blasi, les Scinà, les Morso, avaient jusqu’à ces derniers temps exploré l’histoire avec une activité merveilleuse, ne s’est pas encore remise de la terrible secousse qu’elle a éprouvée du temps du choléra, ni des atroces moyens de réorganisation employés, après la fin de la maladie, par les ministres napolitains. Une biographie de Mainfroi, par M. de Cesare, et quelques autres travaux du même genre, semblent indiquer cependant qu’à