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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/979

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REVUE
LITTÉRAIRE.

Les hommes qui ont conquis, il y a dix ans, de hautes positions dans les lettres, sont maintenant comme les généraux de la république aux dernières années de l’empire : ils ne veulent plus de la fatigue et répudient la gloire, mais ils poursuivent toujours la fortune, et continuent à livrer pour elle des batailles qu’ils perdent trop souvent. C’est en cela qu’ils diffèrent des maréchaux de 1815. Si les compagnons de Bonaparte voulaient quitter leur rôle de sublimes aventuriers, pour devenir des princes bourgeois, traînant une vie inglorieuse sous les brocards des émigrés ; si la voix de leur chef, et une voix plus puissante encore sur le cœur du soldat, celle du canon, ne réveillait plus rien chez eux, au moins ils refusaient de marcher encore, ils brisaient leurs aigles et brûlaient leurs drapeaux. Ceux dont nous parlons sont insensibles aussi à toute voix généreuse, et ils ne refusent pas de marcher. Au contraire, leur course n’a jamais été plus rapide. Sans se soucier des champs qu’ils parcourent et de tous les morts qu’ils y laissent, ils vont, ils vont sans cesse devant eux. Les hommes de l’empire arrêtèrent leurs chevaux quand ils sentirent que l’or appesantissait leurs arçons ; plus ceux-là sentent le poids des sacs sur la cavale haletante qui les emporte, plus ils pressent ses flancs.

Lorenzino est une de ces batailles gagnées ou perdues en courant, dont le