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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 30.djvu/846

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REVUE DES DEUX MONDES.

les branches de l’enseignement, cette liberté dont jouit à cette heure l’instruction primaire, mais qui le veut sous deux grandes réserves qui sont à la fois les conditions et les garanties de la liberté, nous voulons dire l’affermissement de l’institution universitaire, de l’enseignement officiel, et la surveillance active, continue de l’état sur toutes les entreprises d’instruction privée. Espérons qu’on n’oubliera jamais ces paroles de M. le ministre de l’instruction publique : « Ce n’est pas au père de famille que la loi moderne dispute ses enfans ; ce n’est pas sa liberté domestique qu’elle gêne ou qu’elle soupçonne. L’éducation de famille sous toutes ses formes, l’enseignement particulier à tous les degrés est parfaitement libre. Mais, quand vous voulez former des établissemens d’instruction, quand vous passez des soins de famille à l’industrie appliquée au plus noble des objets, à l’intelligence humaine, à la culture des esprits et des ames, quand vous voulez vous charger de donner l’instruction à la place des familles et de l’état dans une maison publique, fondée par vous, alors il est juste que l’état intervienne, non pas pour gêner le père de famille, mais pour surveiller le spéculateur. »

Une autre question importante et curieuse s’est élevée au sujet des admissions à l’École polytechnique. Convient-il que les jeunes gens qui se présentent pour être admis dans cette grande et célèbre école aient fait des études littéraires et mérité le grade de bachelier ès-lettres ? La question n’est pas, dans ce montent, une question de droit positif. Le diplôme de bachelier ès-lettres n’est pas exigé des candidats. M. le ministre de la guerre a seulement donné un avertissement aux parens, marqué une préférence, une intention. Le débat qui a eu lieu devant les chambres a été plein d’intérêt. Il suffit, pour le comprendre, de rappeler que la question a été traitée par des hommes éminens dans les sciences et dans les lettres, MM. Villemain, Arago, Dubois (de la Loire-Inférieure). Nous n’hésitons pas à croire, avec M. Villemain, que cette élite de notre jeunesse, qui se prépare à gravir les plus hautes sommités de la science, ne peut mieux faire que d’imiter les Galilée, les Pascal, les D’Alembert, les Arago. Plus une étude est spéciale, plus il importe de conserver à l’esprit toute sa liberté et toute son étendue par la culture des lettres. Osons le dire, un grand géomètre n’aurait peut-être pas tenté d’appliquer les lois du calcul à des matières qui ne les comportent pas, si sa haute et rare intelligence avait été moins exclusivement renfermée dans l’enceinte des sciences exactes.



Nous nous occupions, dans notre dernier numéro, d’un examen comparé des budgets de la France et de l’Angleterre. Dans un moment où les questions financières font l’objet des discussions des chambres, il n’est pas inutile de dire quelques mots d’un livre que vient de publier M. d’Audiffret sur cette