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Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/276

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des élections deux hommes influens et considérés, de leur donner à la fois un prétexte honorable pour laisser succomber M. Van Buren, et une compensation pour la défaite de leur parti. M. Scott, M. Benton, le général Cass, ont renoncé à se mettre sur les rangs. M. Calhoun fera-t-il élire M. Tyler dans l’espoir de lui succéder, ou bien, dans la crainte d’un troisième mécompte, voudra-t-il recueillir lui-même le fruit de son œuvre, au risque de perdre les voix démocratiques de la Virginie acquises à M. Tyler ? Nous avons vu qu’il pouvait compter sur un grand nombre de voix au sud, et que l’appoint des démocrates du nord pouvait lui donner la majorité. Malheureusement ceux-ci ne paraissent pas tous favorablement disposés pour l’annexation. Dans le courant du mois de mars, la question du Texas fut introduite incidemment dans la chambre des représentans. M. Holmes, de la Caroline du sud, dit en se tournant vers les bancs des démocrates : « Je regarde les votes de ce côté de la chambre comme tous acquis à l’annexation. » Il fut accueilli par une explosion de rires qui pouvait n’avoir d’autre but que de dissimuler la secrète mauvaise humeur que cause aux démocrates le ton impérieux des hommes du sud à leur égard, mais qui pouvait indiquer aussi un commencement de défection. La convention préparatoire de Baltimore fera peut-être connaître le choix définitif du parti ; je dis peut-être, car, les whigs ayant triomphé d’avance de la division qui ne devait pas manquer d’éclater dans la réunion des démocrates, ceux-ci pourront bien ne pas vouloir leur donner cette satisfaction. S’ils ne parviennent réellement pas à s’entendre, ils chercheront à déguiser la division du parti, en réunissant par une manœuvre déjà plus d’une fois employée tous leurs suffrages sur un homme insignifiant ; et pendant que les whigs tourneront leurs attaques contre ce candidat improvisé, les meneurs du parti emploieront le temps qui restera à une dernière tentative de conciliation. Le bruit a couru aussi que, pour trancher toutes les questions de personnes, les démocrates avaient l’intention de n’exposer aucun de leurs chefs à une défaite, de laisser le champ libre à M. Clay, mais d’organiser contre son administration une opposition formidable dont l’annexation deviendrait le drapeau, et de porter M. Calhoun à la présidence aux élections de 1848. Lequel de ces plans adopteront-ils ? C’est ce que l’avenir nous apprendra[1].

Une seule chose est certaine, c’est que, si les démocrates l’empor-

  1. Les derniers journaux américains nous ont appris l’élection de M. Polk à la candidature du parti démocratique. M. Polk ne s’est fait remarquer jusqu’ici que par son attachement personnel au général Jackson.