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Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/531

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LA LITTÉRATURE EN ANGLETERRE ET EN AMÉRIQUE.

tout ; c’est une chaîne magique, secrète et sainte, qui vous captive le cœur. Prononçait-on devant moi ce nom unique, les ténèbres se dissipaient aussitôt, je sortais de ma nuit, et mon ame joyeuse renaissait au jour qui la charmait. Dans le livre sacré je le retrouvais encore, vestige adoré qu’entourait une auréole, et que les anges du ciel murmuraient à mon oreille. Si je rencontrais une autre personne qui le portât, mon cœur battait plus vite, et plus vite encore. Je me taisais ; toute pensée étrangère s’éloignait de moi, mes yeux se fixaient sur le sol ; j’écoutais, fasciné par des accens si chers, j’écoutais toujours. Pourquoi pleurez-vous ? me demandait-on. Je ne pouvais répondre. — Ce nom, des enfans, dans leurs jeux, l’avaient prononcé. Jamais, jamais un tel nom ne se confondra avec les noms vulgaires[1]… » C’est de la vraie poésie intime ; nulle affectation, et cependant de l’élégance ; aucune exagération et de la force. Nous ne parlerons que pour mémoire d’une autre poète écossaise, mistriss Chalenor, morte veuve et très jeune, qui a laissé quelques jolies pièces, remarquables par l’extrême simplicité ; j’aime, entre autres, une petite ballade : Ma Robe grise. Le sentiment moral et domestique du devoir et de la raison domine dans ces pièces, dont l’inspiration est courte et trop peu soutenue.

De la littérature anglaise affadie à la littérature américaine des

  1. ...... What’s in a name ? ....
    ..................
    A wondrous, inward, sacred spell,
    That wheresoe’er one name escaped man’s lips
    My spirit rose from out its dark eclipse.
    And in the sacred book I often found
    The dear impress with heavenly halo bound.
    And angel forms seemed whispering in mine ear
    The accents of the name I loved so dear.
    Oh ! when I met with one who owed the same,
    My heart’s pulsations quicker went and came,
    All other thoughts,… etc.


    Je n’ose pas trop louer ces vers que j’aime, et voici pourquoi. Le poème de Wilson a été publié récemment. Par une singulière coïncidence, une petite pièce en vers, justement oubliée, publiée en 1823 par l’auteur de cet article inter delicta juventutis, et dont la ressemblance avec le fragment anglais est extrême, commence par la même image et continue par la même série d’idées. On nous pardonnera de joindre ici cette curiosité littéraire, d’ailleurs exempte de vanité comme d’humilité ; elle prouve qu’il ne faut pas soupçonner trop vite les gens de plagiat. — Et qui de nous n’a pas de ces souvenirs et de ces délits par-devers lui, fruits