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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/1003

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glaces de Cernay, appelé par conséquent à passer une partie de l’année au milieu des belles forêts des Vosges qui alimentent cet établissement, il se trouvait placé dans les circonstances les plus favorables, et il a su en profiter. Ses recherches et ses calculs ont porté sur environ 15,000 hectares de forêts, et embrassent des périodes qui varient de 25 à 80 ans. Il a soumis à des expériences 636 stères de bois, appartenant à dix espèces différentes, coupes sur toute espèce de terrain et à toute sorte d’exposition. M. Chevandier a pressente déjà à l’Académie des sciences deux mémoires du plus grand interdit et l’un d’eux a été l’objet d’un rapport favorable fait par M. Dumas. Mieux que tout autre, ce savant pouvait rendre témoignage du soin extrême apporté par l’auteur dans la partie chimique de son travail, car toutes les recherches de cette nature avaient été faites dans le laboratoire particulier que M. Dumas ouvre avec tant de générosité à quiconque se voue sérieusement à la science.

Pour déterminer le poids réel du stère, M. Chevandier a pris un certain nombre d’échantillons, les a réduits en poudre, les a desséchés à une température de 140 degrés, et dans le vide, jusqu’à ce qu’ils eussent perdu leurs dernières parcelles d’humidité. Il conclut d’un grand nombre d’expériences, répétées avec le plus grand soin, qu’un stère de bois de hêtre, pris dans le tronc, pèse 374 kilogrammes, tandis qu’un stère de rondinages et de branches ne pèse que 304 kilogrammes. Le cent de fagots mêlés de hêtre et de chêne pèse environ 300 kilogrammes. On voit que le poids du stère varie pour une même essence selon la partie de l’arbre où ont été prises les bûches, et qu’un stère représente à peu près la valeur d’un cent de fagots.

Pour évaluer le pouvoir calorifique des diverses essences, M. Chevandier admet deux hypothèses. Il regarde comme ne produisant pas de chaleur l’oxigène et l’hydrogène qui entrent dans la composition du bois en proportions nécessaires pour former de l’eau. Toute la chaleur sensible provient donc du carbone et de l’hydrogène en excès. M. Chevandier suppose en outre que ces deux substances, qui se trouvent dans le bois sous la forme de composés organiques, dégagent en brûlant la même quantité de chaleur que si elles étaient libres et isolées. Ces hypothèses peuvent fort bien ne pas être vraies, mais, dans ce cas même, les résultats tout comparatifs de M. Chevandier ne perdraient rien de leur valeur. Or il résulte de ses recherches que le pouvoir calorifique peut varier de 10 à 7, c’est-à-dire de près d’un tiers, selon l’espèce de bois qu’on emploie. Le meilleur de tous est le chêne à glands sessiles, c’est-à-dire dont les glands n’ont pas de pédicule ; le plus mauvais est le pin. Voici du reste dans quel ordre se placent, selon M. Chevandier, les essences qu’il a étudiées : 1o chêne à glands sessiles, 2o hêtre, 3o charme, 4o bouleau, 5o chêne à glands pédiculés, 6o aune, 7o sapin, 8o saule, 9o tremble, 10o pin.

Pour se rendre compte du rendement de ses forêts, M. Chevandier a examiné plus particulièrement le produit de deux futaies de hêtre et de chêne