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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/1059

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du parlement où le premier ministre s’est exprimé dans des termes dont on dit que nous aurions dû demander satisfaction. Nous n’avons pas besoin de demander satisfaction de ces paroles. Celui qui les a prononcées les a cruellement regrettées… Nous discutons avec animation, disait encore le même orateur, nous discutons la conclusion de cette affaire… Si nos débats avaient pu être précédés de ceux du parlement anglais ! si nous avions assisté aux scènes qui se préparent ! si nous avions entendu les interpellations qu’aura à subir sir Robert Peel ! Vous prétendez que la négociation a été, de la part du gouvernement français, une faiblesse ; eh bien ! je vous dis que dans quinze jours ou trois semaines vous allez entendre les orateurs du parlement anglais. » - « Quand j’entends dire, s’écriait enfin M. Guizot, qu’en fait, entre la France et l’Angleterre, les égards, les ménagemens, les procédés, les concessions, si concessions y a, ne sont pas réciproques, en vérité, passez-moi l’expression, je crois rêver !… La transaction, ajoutait-il, dont la chambre connaît les termes nous a paru équitable et convenable. Le gouvernement anglais en a jugé comme nous, ce qui n’empêche pas qu’il ne soit, à l’heure qu’il est, et ne doive être plus encore dans quelques jours, accusé dans son pays, exactement comme nous le sommes ici, des mêmes torts et des mêmes fautes. »

Maintenant, en présence de ces déclarations, de ces prédictions, de ces mouvemens d’éloquence, qu’on veuille bien placer les faits simplement et sans commentaire. C’est d’abord sir Robert Peel qui, loin de rétracter, d’atténuer, de regretter les expressions dont il s’est servi, les répète froidement, nettement, et déclare qu’il les maintient. « Les circonstances qui ont accompagné l’expulsion de M. Pritchard constituaient un outrage grossier, un outrage dont la France devait réparation. » Il l’a dit au début, il le dit encore, mais il ajoute « que cette réparation a été obtenue, » et il met l’opposition au défi de dire le contraire. C’est ensuite lord John Russell qui, au lieu de relever le gant, se hâte de reconnaître qu’en effet une réparation suffisante a été obtenue, et que l’honneur de l’Angleterre est sauf. Puis c’est lord Palmerston lui-même qui, tout en critiquant la conduite du gouvernement, se trouve forcé d’avouer que l’Angleterre n’a pas à se plaindre de l’arrangement conclu, et que sir Robert Peel a agi sagement en acceptant la réparation demandée. C’est enfin M. Hume, qui va plus loin, et qui déclare que les ministres ont mérité les remerciemens du pays pour la fermeté avec laquelle, dans l’affaire de Taïti, ils ont soutenu l’honneur du drapeau national. Et, qu’on le