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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/166

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elles servent à disposer le présent en vue de l’avenir. Le but vers lequel on s’avance étant déterminé, chaque siècle mesure ensuite ses forces à la distance qu’il doit franchir. Si donc la question de l’influence de la vapeur sur le mouvement des races semble, au premier coup d’œil, une hypothèse, on ne tarde pas à lui découvrir une base dans l’état actuel de la physiologie. La science des races est encore en germe ; les voyages contribueront à la former ; mais, telle qu’elle existe, elle nous fournit déjà les principaux traits qui peuvent servir à dessiner la perspective ouverte devant nous par l’établissement des chemins de fer.

La surface habitée du globe nous présente un très grand nombre de races humaines, qu’on peut ramener à quatre grandes divisions : la race caucasique, qui a la peau blanche, les cheveux lisses, onctueux, fins ; la race mongolique, qui a la peau jaune, les cheveux épais et raides ; la race éthiopique, qui a la peau noire, les cheveux durs et laineux ; la race américaine, qui a la peau mêlée de jaune et de rouge, les cheveux noirs, longs et rudes. Dans tous les endroits de la terre où ces variétés humaines se soit trouvées en présence, voici ce qui est arrivé : les noirs ont obéi aux jaunes ; les uns et les autres se sont soumis aux blancs. Si des nuances moyennes résultent du mélange de ces trois couleurs, elles occupent dans la société des rangs intermédiaires. On peut déjà conclure de ce premier fait qu’il y a une gradation de puissance et de civilisation à établir sur les caractères des races humaines.

L’existence de plusieurs races d’hommes à la surface de la terre est un fait trop grave ; il se rattache trop intimement au problème dont il s’agit de trouver la solution, pour que nous ne cherchions pas à en pénétrer l’origine. Sur ce point, l’histoire n’a presque rien à nous apprendre ; l’histoire est muette. Pour le genre humain comme pour l’homme, la première enfance est couverte des ténèbres de l’oubli. Quelques monumens respectables par leur antiquité, mais écrits dans des langues perdues, sont les seuls débris sur lesquels des races entières puissent lire leurs titres de naissance ; encore ces monumens appartiennent-ils à des temps historiques, et, comme l’avènement des races a précédé sans nul doute l’établissement des sociétés humaines, nous ne réussirons jamais par cette voie à surprendre le secret de la nature. La science seule, par la distinction des caractères physiques, arrivera sans doute à déterminer la place des différentes races sur l’échelle de l’humanité, leur filiation, et peut-être leur origine. Les voyages, en agrandissant nos rapports, nous mettront sur la voie