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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/171

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des appétits matériels ; la parole, toute gutturale, se rapproche elle-même du son que font entendre les singes. Loin de fuir ces caractères d’animalité, les races inférieures les recherchent. Quelques tribus américaines travaillaient à conformer leur nez sur le modèle du bec de l’aigle. La forme naturelle du crâne, chez les Mexicains, était déjà déprimée au sommet et renflée sur les côtés de la tête : ils avaient encore remanié cette forme pour la rendre plus sensible. Le Mexicain s’était donné la face du lion. Ces hommes, au visage terrible, se servaient sanis doute de leur laideur féroce pour intimider leurs ennemis. Le type idéal que ces populations cherchaient à imprimer à leurs enfans était d’ailleurs contenu en germe dans la structure de leurs organes. « Il serait, nous disait M. Serres, impossible de produire ces dépressions artificielles sur des individus de la race caucasique. » Tous ces faits, qu’un grave et éminent professeur enseigne du haut de sa chaire, ne rencontrent point d’objections sérieuses. Nous sommes donc fondé à conclure qu’en prenant pour guide l’anatomie, on arrive à déterminer les conditions des mœurs et du développement des différentes races humaines.

La science a été plus loin : non contente d’observer les caractères des races à l’état élémentaire, elle a cherché l’action que ces races exercent les unes sur les autres en se croisant. Voici quel a été le résultat de ses informations. Toutes les races humaines ont la faculté de se reproduire entre elles. La nature a pourtant mis certains obstacles au rapprochement de leurs extrêmes : l’union d’un individu de la race éthiopique avec une femme blanche est douloureuse, antipathique, le plus souvent improductive. La condition inverse est, au contraire, favorable au mélange des sexes ; l’union du blanc avec la femme noire est facile, sympathique, et presque toujours féconde. Si l’on interprète avec M. Serres les vues de la nature, on trouve qu’elle a mis un dessein dans ce point d’arrêt et dans cette barrière matérielle. La nature veut l’élévation des races, elle ne veut pas leur abaissement. Or, dans le premier cas, le produit descend vers la race éthiopique ; dans le second, c’est-à-dire dans le cas de l’union de l’homme blanc avec la voit déjà que le mélange des races, dans certaines limites fixées par la nature, est un des moyens de perfectionnement de l’espèce humaine.

Cette faculté de reproduction entre les sexes appartenant à deux races différentes tranche la question d’unité : il existe plusieurs races, mais il n’y a qu’une nature humaine. Les animaux qui ne sont pas d’une même espèce ne se reproduisent pas entre eux ; dans les genres