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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/186

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familles humaines, dont ils ont emprunté en naissant les caractères, et dont ils reproduisent les dispositions morales. Cette répétition des races dans les individus est un grand fait de philosophie naturelle. La France, dans laquelle la race celtique s’est personnifiée, a un tempérament moyen, qui donne le tempérament primitif des Gaulois ; mais, à cause de ses nombreux rapports avec les autres races, elle se trouve avoir en elle un grand nombre d’autres types et constituer, pour ainsi dire, une humanité en petit. C’est à ce mélange qu’elle doit sa supériorité.

Nous ne sommes pas de ceux, comme on voit, qui rêvent une monarchie européenne ; les seuls caractères de races suffiront à maintenir pendant long-temps la division des états. Chacune de ces races a un mouvement particulier ; elle s’avance vers la réalisation d’un type qui lui est propre. Ce qu’on nomme le génie d’un peuple n’est que l’ensemble des caractères physiques et des facultés morales qui le distinguent d’un autre peuple, qui lui donnent une forme, une vie relative. L’existence de ces variétés naturelles constitue le sol sur lequel les institutions sociales posent leur fondement. L’histoire nous présente un balancement alternatif des races qui fait que tantôt l’une, tantôt l’autre, se met à la tête du mouvement de la civilisation. Ce balancement ne permet pas à une de celles qui existent maintenant en Europe de s’établir d’une manière fixe sur ses rivales ; c’est ce qui entretient l’équilibre des sociétés modernes. Avec le temps, l’une de ces races finira-t-elle par arrêter sa prédominance, et par donner, en quelque sorte, sa figure au monde ? Nous n’élèverons pas jusque-là nos prévisions. A défaut de cette unité systématique de royaume, nous croyons que les peuples, en rapprochant leurs communications, formeront naturellement une même famille. On retrouve, dans les nombreux types de la race blanche, une empreinte indélébile qui se remontre à travers toutes les variétés, et qui semble être la trace d’une commune origine. Une langue universelle, dont les débris sont répandus dans nos langues modernes, et qui remonte jusqu’aux bouches du Gange, doit avoir présidé au berceau de notre race. Ces liens de parenté ne sont du reste pas les mêmes pour tous les habitans modernes de l’Europe. On sait qu’il existe entre les races de notre continent des sympathies et des antipathies. Nous croyons que ces instincts, qui concourent souvent à former le sentiment national, sont des avertissemens utiles de la nature. Cette mère sage a interposé des inimitiés dans le cœur des races qui se dégraderaient en se mêlant, tandis qu’elle a mis au contraire des inclinations dans le sang des races qui doivent s’élever par leur commerce. La loi de ces attractions