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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/227

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des choses et pour éluder des mesures votées d’ailleurs avec quelque hésitation. Dans les derniers temps du ministère de lord North, l’accroissement continuel de ces désordres avait fait comprendre la nécessité de s’en occuper enfin sérieusement. La chambre des communes avait institué des comités pour reconnaître l’étendue du mal, constater les faits et indiquer les moyens de répression. Ces comités avaient présenté, par l’organe de Dundas, des rapports lumineux où les causes de ces honteux excès et la nature des seuls remèdes vraiment efficaces étaient clairement signalées ; ils avaient proposé de plus la mise en jugement de quelques-uns des fonctionnaires les plus compromis et le rappel du gouverneur-général de l’Inde, le célèbre Warren Hastings, dont ils n’avaient pas cru que les incontestables services pussent justifier les prévarications et les crimes. La chambre avait pris en effet une résolution pour demander ce rappel, mais la compagnie des Indes avait osé s’y refuser, et, dans l’état de la législation, il avait fait fallu subir ce refus.

C’est dans les rapports des comités que Fox puisa les élémens du plan qu’il conçut pour changer radicalement les bases de l’administration de l’Inde. Lorsque le parlement se rassembla, le 11 novembre 1783, les détails de ce plan n’étaient pas encore connus du public, mais on savait qu’il était déjà tout préparé et qu’il serait immédiatement soumis à l’examen des chambres. Le discours de la couronne recommanda en effet la question à leur sollicitude. L’adresse proposée en réponse à ce discours ne donna lieu, dans la chambre des communes, qu’à une courte discussion. Comme la chambre y remerciait le roi de la conclusion de la paix, signée pourtant aux conditions que le parlement avait condamnées six mois auparavant dans les articles préliminaires, Pitt ne manqua pas de relever l’inconséquence au moins apparente de ces deux manifestations. Passant ensuite à la grande question du jour, celle de l’Inde, il applaudit vivement à la pensée de réformer l’administration de ce pays, mais il avertit les ministres que des palliatifs, des mesures temporaires, seraient insuffisans et ne feraient qu’accroître le mal. Fox s’empressa de répondre que sur ce point ses idées étaient entièrement conformes à celles qui venaient d’être exprimées ; il fit, à cette occasion, un pompeux éloge de son jeune rival, et, se félicitant de l’accord de leurs opinions, il protesta que rien ne pouvait lui inspirer à lui-même plus de satisfaction et d’orgueil.

Quelques jours après, Fox présenta à la chambre deux bills dont