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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/565

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nouveau, la conservation de l’emploi qu’il occupait depuis si longtemps. Quoi qu’il en soit, cette négociation ne tarda pas à être abandonnée.

La discussion solennelle dont Pitt avait proclamé la nécessité s’était ouverte sur ces entrefaites devant la chambre des communes. Pitt présenta une série de résolutions portant en substance que le roi était hors d’état de vaquer aux fonctions de la royauté, que le droit et le devoir du parlement étaient d’y pourvoir suivant l’exigence de la situation, et qu’il lui appartenait aussi de déterminer les moyens par lesquels l’assentiment royal pourrait être suppléé à l’effet de valider les actes qui constitueraient la régence. Il était de plus en plus évident que le ministère voulait gagner du temps et laisser toutes choses en suspens. L’opposition redoubla d’efforts pour déjouer cette tactique. Elle demanda que le prince fût immédiatement invité à prendre la régence, et que les actes nécessaires pour en régler le mode fiassent faits ensuite avec son concours, qu’il ne refuserait certainement pas aux volontés exprimées par les deux chambres ; elle fit ressortir les inconvéniens, les dangers du système proposé par Pitt, qui, en conférant au parlement le droit d’élection, tendait à changer la monarchie en république ; se prévalant de l’exemple même de 1688, elle rappela qu’à cette époque les chambres, jusqu’au moment on le trône avait été rempli, ne s’étaient considérées que comme une convention et non pas comme un parlement. Tel fut le langage tenu par lord North, par Windham, par Sheridan, qui accusa Pitt d’obéir aux inspirations de son ambition personnelle et d’accueillir d’odieux soupçons contre l’héritier du trône, par Burke, par Fox surtout, qui, dans un discours habile autant qu’éloquent, persista à déduire le droit à la régence, sauf l’adjudication du parlement, du même principe que le droit de succession à la couronne. En réponse au reproche qu’on lui faisait de se mettre, par un thème aussi monarchique, en contradiction avec son rôle habituel de défenseur des droits populaires, il protesta qu’accoutumé à combattre les empiétemens de la monarchie lorsqu’elle était dans toute sa force, on ne le verrait pas chercher à la dépouiller dans sa faiblesse, à l’exemple d’un ministre qui, pour embarrasser la position des hommes appelés à le remplacer au pouvoir, n’hésitait pas à s’élever au-dessus d’un pareil scrupule. Aux réclamations élevées en faveur du prince, Pitt, soutenu par le procureur-général, par le maître des rôles et par d’autres légistes distingués, opposa des dénégations absolues, fondées principalement sur l’autorité des précéderas. Plus calme, plus maître de lui que ses adversaires, il