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FERMAT.




On sait combien Cicéron se glorifie, dans les Tasculanes, d’avoir, lui étranger (arpinas homo), retrouvé devant les Syracusains étonnés le tombeau d’Archimède, de cet homme incomparable dont le génie sut aider également aux progrès des sciences et à la défense de sa patrie. En peu d’années, cette gloire si pure, ce patriotisme si dévoué, étaient tombés dans l’oubli. Depuis lors, le nom d’Archimède a retenti partout, sa mémoire a été vengée d’un injuste dédain, et, si le grand orateur romain revenait au monde, il ne pourrait plus appeler un homme assez obscur l’immortel défenseur de Syracuse.

Ce que durant sa questure Cicéron fit pour Archimède, M. Villemain, pendant qu’il était au pouvoir, a voulu le faire pour Fermat. Frappé par la découverte récente de quelques écrits inconnus du rival heureux de Descartes, M. Villemain, dont l’esprit sait apprécier toutes les gloires, jugea qu’il fallait élever un monument national à la mémoire d’un homme qui honore la France, et dont cependant le nom est à peine prononcé hors des académies. Il pensa qu’après avoir rendu un juste hommage au génie de Laplace, ce serait accroître le patrimoine public que de réunir et de faire imprimer aux frais de l’état les œuvres éparses et devenues aujourd’hui si rares de l’illustre magistrat de Toulouse : il sentit que, dans un pays où les noms des savans de l’antiquité sont dans toutes les bouches, on ne devait pas laisser aux