Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/701

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

feront mieux connaître la vie de Fermat et répandront une plus grande lumière sur tout ce qui concerne ce génie supérieur.

Sa répugnance pour la publicité n’aurait pas suffi pour nous priver de ses écrits les plus importans, si, après sa mort, on s’était empressé de publier immédiatement tout ce qui restait de lui ; mais, excepté Clerselier, qui, en 1667, fit paraître dans le troisième volume de la correspondance de Descartes un assez grand nombre de lettres de Fermat relatives à ses discussions scientifiques avec les cartésiens, aucun savant ne s’occupa de recueillir et de faire imprimer les manuscrits de Fermat. Nous venons de voir que souvent il ne gardait pas copie des opuscules qu’il adressait à diverses personnes Il conservait encore moins copie de ses lettres, dans lesquelles il jetait à la hâte ses idées sur différens sujets scientifiques Cependant on se communiquait ses travaux, et, dans l’ouvrage que nous avons cité, Herigone dit avoir vu en manuscrit plusieurs écrits mathématiques de Fermat. L’article nécrologique du Journal des Savans nous apprend que Carcavi, ancien collègue de Fermat au parlement de Toulouse, était le dépositaire de tous ses écrits Peut-être cette assertion est-elle trop générale, car nous verrons bientôt qu’une foule de lettres scientifiques de Fermat se trouvaient dispersées entre les mains de différentes personnes[1]. Quoi qu’il en soit, il paraît que Samuel Fermat, fils du grand géomètre, ne trouva parmi les papiers de son père que bien peu d’écrits mathématiques. Une correspondance autographe entre Justel[2] et Samuel Fermat, que nous avons trouvée récemment dans la bibliothèque de Saint-Etienne à Toulouse, prouve que Samuel, qu’on a souvent accusé de n’avoir pas déployé assez de zèle pour arracher à l’oubli les écrits de son père, n’a cessé d’insister, le plus souvent sans fruit, pour qu’on lui communiquât ceux qui étaient entre les mains de divers savans de Paris.

Samuel Fermat, conseiller aussi au parlement de Toulouse, avait plus hérité de l’érudition que du génie géométrique de son père. Il a laissé des vers latins et français, des dissertations sur divers points de

  1. Fermat, écrivant, en 1659, à Carcavi, indique clairement que celui-ci n’avait entre les mains aucun écrit relatif à la théorie des nombres.
  2. Justel, qui était un homme très instruit, rend compte à Samuel Fermat, dans ces lettres, de tout ce qui se faisait de plus remarquable alors. Cette correspondance, que nous publierons peut-être un jour, offre beaucoup d’intérêt, non-seulement en tout ce qui concerne Fermat, mais aussi pour d’autres faits très piquans. En 1672, Justel apprend à Samuel Fermat qu’un Anglais nommé Newton travaille à faire des verres pour les lunettes.