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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/877

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qui se trouvaient dans les ports de la Grande-Bretagne avaient été saisis, et le gouvernement britannique s’était empressé de diriger des expéditions contre les colonies de ce nouvel ennemi. Avant la fin de l’année, le cap de Bonne-Espérance, Trinquemale, Ceylan, Malacca, Cochin, étaient tombés entre les mains des Anglais. Les Français, d’un autre côté, parvinrent à reprendre la Guadeloupe, la portion de Saint-Domingue qu’ils avaient perdue l’année précédente, et Sainte-Lucie. Peu en état de livrer avec succès des batailles navales, ils faisaient un grand mal au commerce anglais par la capture de nombreux bâtimens, et quelquefois même de convois richement chargés. A cet égard, l’anéantissement du commerce français rendait les représailles impossibles.

Sur le continent, les opérations militaires furent peu actives pendant la première moitié de l’année. Les Français, occupés à s’affermir dans la possession de la Belgique et de la rive gauche du Rhin, prenaient Luxembourg et bloquaient Mayence, mais ils ne faisaient encore aucun effort pour pénétrer au cœur de l’Allemagne. Néanmoins la terreur de leurs armes les y avait devancés. La diète pria solennellement l’empereur de négocier la paix et demanda à la Prusse de seconder la négociation. Le cabinet de Berlin proposa, en conséquence, au comité de salut public, de la faciliter par la conclusion d’un armistice avec l’empire ; mais le comité s’y refusa. Ayant formé le projet d’isoler l’Autriche pour l’accabler, il ne voulait conclure avec les autres états allemands que des paix séparées, et il déclara d’ailleurs que la cession de la rive gauche du Rhin était la seule condition qu’il pût accepter. Le landgraviat de Hesse-Cassel, le Hanovre lui-même, renonçant aux subsides anglais, se séparèrent du chef de l’empire et subirent la loi du vainqueur. Enfin, on put croire que l’Allemagne tout entière allait partager le sort des Pays-Bas et de la Hollande, lorsqu’on vit, au commencement de septembre, deux armées françaises passer le Rhin sous les ordres de Jourdan et de Pichegru. Il n’en fut rien cependant. Vaincus presqu’aussitôt par les armées autrichiennes que commandaient Clairfayt et Würmser, les généraux de la république ne tardèrent pas à se replier en désordre sur les positions qu’ils venaient de quitter, et la France accepta alors l’armistice qu’elle avait d’abord refusé. Presque au même moment, en Piémont, le général français Scherer gagnait sur les Autrichiens et les Sardes la bataille de Loano.

Au milieu de ces vicissitudes et des hésitations des gouvernemens continentaux, le cabinet de Londres, seul inébranlable malgré ses embarras intérieurs, redoublait ; d’efforts pour maintenir la coalition