Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 12.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’opinion de M. Ullmann est l’opinion véritable ; si l’on veut apprécier à ce point de vue élevé l’entreprise des dissidens catholiques, on est forcé de convenir que ce n’est pas du tout une réforme. Le tort de M. Ullmann est peut-être d’avoir trop voulu découvrir un caractère religieux dans une tentative qui, de ce côté, n’a rien de grave ; ce tort, du reste, cette inquiète sympathie, disons-le vite, devient un mérite de plus chez le penseur chrétien, chez le théologien dévoué. Pour nous, l’opinion même de M. Ullmann nous ramène à notre sujet, et au point de vue que nous avons choisi ; puisque l’agitation en Allemagne est si peu religieuse, son importance, que personne ne conteste, est bien certainement politique et sociale. Revenons donc aux faits, et, pour achever cette histoire, interrogeons encore, depuis l’arrêté du 30 avril 1845, la conduite des cabinets, la marché des partis, et la situation des diverses églises au milieu des problèmes qui s’agitent.


V.
Emeute de Posen. – Emeute de Leipsig. – Irritation de la cour de Saxe. – Politique nouvelle de la Prusse.

L’arrêté du 30 avril, nous l’avons dit, ne reconnaissait pas le culte des nouveaux catholiques, mais il ne les inquiétait pas non plus. Les difficultés étaient ajournées. On s’était contenté de témoigner aux dissidens une sorte de défiance ; l’accueil bienveillant qu’ils avaient rencontré d’abord ayant fini par les enhardir, la défaveur dont ils étaient frappés cette fois semblait pour quelque temps une barrière assez forte contre des entreprises plus audacieuses. Ce furent les catholiques qui, par des violences coupables, changèrent les dispositions du roi de Prusse et le rendirent, comme auparavant, plus favorable qu’hostile au mouvement des novateurs. Tel a été, à coup sûr, le résultat de l’émeute de Posen. Le 29 juillet, Czerski devait prêcher à Posen dans une des églises du culte évangélique. Or, son arrivée dans la ville effrayait les catholiques ; une conspiration s’organisa ; il fut décidé que, par tous les moyens, il fallait l’empêcher d’officier et l’obliger à quitter la ville. Afin de disposer le peuple à écouter plus facilement les conseils du fanatisme, on imagina pour ce jour-là même une procession solennelle en l’honneur des saints rois polonais Miéceslas et Boleslas. L’évêque de Posen avouait le lendemain que cette procession avait été ordonnée précisément à cause de l’arrivée de Czerski, et qu’en l’ordonnant il avait cédé aux instances de son diocèse ; plus