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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 12.djvu/409

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Buller déclara hautement que la convention de Waitangy était une parodie de traité extorquée par la ruse aux naturels, et dont il était parfaitement ridicule de se couvrir, comme si c’eût été le traité de Westphalie ou le traité d’Amiens. C’est sans être démenti que M. Roebuck alla jusqu’à prononcer les paroles suivantes : « Quant au traité de Waitangy, chacun sait que c’est une farce, et pis qu’une farce, une fraude pratiquée sur le monde civilisé pour soustraire la Nouvelle-Zélande à la main de la France. » En même temps, les manœuvres peu honnêtes des missionnaires et celles de la compagnie furent longuement, énergiquement signalées, de sorte que, pour tout lecteur impartial, il resta démontré que le droit n’était pas plus d’un côté que de l’autre, et que les missionnaires, la compagnie, le gouvernement, se disputaient en définitive le prix d’une odieuse rapine. Quoi qu’il en soit, la nouvelle d’une insurrection plus grave que les précédentes étant arrivée à Londres avant la fin de la session, le gouverneur fut destitué, et lord Stanley, malgré le ton conciliateur de sir Robert Peel, n’échappa au blâme proposé qu’à la faible majorité de 223 vois contre 172, plusieurs tories, dans cette circonstance encore, ayant voté avec la minorité.

Je viens de passer en revue les trois questions qui, entre les deux parties importantes de cette session, occupèrent surtout l’attention du parlement, et purent faire pressentir les dispositions réelles des tories. J’arrive maintenant à la question capitale de l’année, à celle qui, subitement, inopinément, mit l’Angleterre en feu, et modifia profondément la situation du cabinet. Ainsi que je l’ai dit, l’agitation de l’église anglicane s’était calmée au moment de l’ouverture du parlement, et quand, deux jours après le discours du trône, lord Ebrington présenta une pétition de quelques ministres du diocèse d’Exeter, qui demandaient que le parlement, afin de mettre un terme à toute incertitude, révisât la rubrique et le livre de prières, personne ne dit mot, et la question tomba d’elle-même. Il n’en fut pas tout-à-fait ainsi à la chambre des lords, où, sur une pétition semblable, l’évêque d’Exeter essaya de justifier sa conduite en soutenant que, pour tout ce qui concerne le spirituel, l’église était indépendante du parlement comme de la reine, et en rappelant à la chambre que, deux ans après avoir, en 1641, aboli le livre de prières, elle avait été abolie elle-même. À cette opinion, l’évêque de Norwich, comme on pouvait s’y attendre, en opposa une toute contraire, et l’évêque de Londres, comme on pouvait s’y attendre aussi, maintint contre l’évêque de Norwich « que l’exacte observation de la rubrique