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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 12.djvu/887

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J’aime aussi la fleur qui s’entr’ouvre
Comme une bouche qui sourit,
Et bientôt de langueur se couvre,
Pauvre vierge qui rend l’esprit.

J’aime la croix mousseuse et verte,
Du pèlerin doux reposoir,
Et l’ombre, et la source déserte
Où se baigne un oiseau le soir ;

La lune qui semble assoupie
Au fond d’un nuage courant,
Ou, curieuse, nous épie,
Derrière un voile transparent.

J’aime l’hirondelle inconstante
A mon toit suspendant son nid,
Comme l’Arabe fait sa tente
Sous un ciel chaud que Dieu bénit.

J’aime la gracieuse allure
Et le iront haut de l’étalon,
Sans bride que sa chevelure,
Sans autre fouet que l’aquilon ;

Et l’aquilon et la tempête,
Terrible voix dont les accords
Font croire à la grande trompette
De l’Archange éveillant les morts…

J’aime les noms d’époux et père,
L’enfant jouant sur les genoux,
Et l’amitié tendre et sincère,
Et l’amour plus tendre et plus doux.

J’aime tout, tout ce qui s’agite,
Chante ou se pare de couleur,
Et triste, au fond d’un sombre gîte,
Je vis seul avec ma douleur.


L’OISEAU INCONNU.


Dans l’air plus doux j’entends battre des ailes ;
Tous les amours ne sont pas envolés.
BERANGER.


Je ne sais pas ton nom, petit oiseau des champs
Qui, par longs intervalles,