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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/1158

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tation, et, d’après des documens conservés en original dans les archives de Florence, on les voit, dès le milieu du XIIe siècle, habitant en corps de nation dans les territoires de Tunis et de Bougie, qui servaient alors d’entrepôt au commerce de l’Europe et de l’intérieur de l’Afrique. Les Génois ne tardèrent pas à devenir les rivaux des Pisans, avec lesquels ils en vinrent souvent aux mains dans ces parages, et qu’en 1200 ils battirent dans le port même de Tunis. Aux Génois se joignirent ensuite les Catalans et les Vénitiens. La conduite tolérante tenue à cette époque par les princes musulmans présente un singulier contraste avec le fanatisme qui anime aujourd’hui les populations de cette partie de l’Afrique. Les chrétiens pouvaient construire des églises et des monastères, se livrer publiquement à l’exercice de leur culte, et ils avaient fondé quelques colonies. Une grande bonne foi présidait aux rapports internationaux, et il y eut même des croisières mixtes, c’est-à-dire des croisières composées de musulmans et de chrétiens, destinées à protéger les navires marchands menacés sans cesse par les pirates de l’Europe et de l’Afrique. Ces relations commerciales, activées par le développement que prenait chaque jour la marine européenne, durèrent jusqu’à l’invasion turque dans ces contrées, invasion qui leur porta un coup fatal Depuis cette époque jusqu’à la conquête d’Alger, l’histoire des rapports de l’Europe et surtout de la France avec les états barbaresques ne présente plus qu’une longue suite de pirateries et de brigandages souvent châtiés, mais sans cesse renaissans.

Pour la partie relative au moyen-âge, M. Mauroy a pu s’appuyer sur un excellent travail de M. de Mas-Latrie, inséré dans une des publications officielles du ministère de la guerre. Les derniers chapitres, consacrés au commerce de l’Afrique septentrionale et centrale pendant les temps modernes, n’ajoutent aucun fait nouveau à ceux qu’avaient déjà recueillis les historiens. Parmi les notes qui forment à peu près les deux tiers du volume, et dont une partie aurait pu être sans inconvénient intercalée dans le corps même du livre, nous avons remarqué des détails curieux sur les touareg ou voleurs du désert, détails extraits d’un mémoire du lieutenant-colonel Daumas. On doit regretter que M. Mauroy n’ait pas consulté plus souvent les sources originales, après avoir annoncé dans sa préface « qu’il avait recueilli dans tous les anciens et dans presque tous les modernes ce qui regardait le commerce de l’Afrique septentrionale. » Il cherche trop volontiers ses autorités dans des ouvrages récens. La composition du livre, où se glissent des digressions trop fréquentes, laisse aussi à désirer. Toutefois ces défauts sont rachetés par des qualités sérieuses, par des recherches intéressantes, et c’en est assez pour que le livre de M. Mauroy soit favorablement accueilli.

— Les belles études de M. Vitet sur la peinture, la musique, l’architecture, l’archéologie et la littérature viennent d’être réunies et publiées en deux volumes dans la Bibliothèque-Charpentier. L’unité du livre est dans le sentiment élevé de l’art qui en anime toutes les parties, et dont l’important travail sur Eustache Lesueur, publié autrefois dans cette Revue, nous offre la plus haute, la plus sévère expression. L’ouvrage de M. Vitet paraît sous : ce titre : Études sur les Beaux-Arts et sur la Littérature.



V. de Mars.