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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/142

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de l’Angleterre, le droit de visiter la nationalité des navires sous pavillon américain. Le ministre des États-Unis à Londres, M. Stevenson, protesta immédiatement, et sur le ton de la surprise, contre cette prétention inouïe. Les réponses de M. Stevenson, en date du 10 septembre et du 21 octobre 1841, parvinrent à lord Aberdeen, successeur de lord Palmerston au Foreign Office. De son côté, lord Aberdeen, après avoir maintenu dans deux dépêches du 13 octobre et du 20 décembre de la même année, adressées à M. Everett (qui venait de succéder à M. Stevenson), la position prise par l’Angleterre, mit fin lui-même à cette correspondance en informant le ministre d’Amérique que lord Ashburton allait être envoyé à Washington avec de pleins pouvoirs pour régler toutes les questions débattues entre l’Angleterre et les États-Unis, et qu’ainsi il serait inutile de discuter à Londres les points au sujet desquels une négociation spéciale devait être ouverte auprès du gouvernement américain.

Cette négociation a eu pour résultat le traité signé à Washington le 9 août 1842. Il a été convenu que chacune des puissances contractantes entretiendrait une croisière sur la côte d’Afrique pour la répression de la traite des nègres ; mais rien n’a été réglé relativement aux pouvoirs que ces croiseurs seraient appelés à exercer en vertu du droit des gens, de telle sorte que la grave question qui divisait l’Angleterre et les États-Unis est demeurée indécise. Voici maintenant ce qui s’est passé depuis la conclusion du traité.

Dans son message annuel du 8 décembre 1842, le président des États-Unis s’exprima ainsi au sujet du différend qui nous occupe :


« Bien que lord Aberdeen, dans sa correspondance avec l’envoyé américain à Londres, repousse expressément toute prétention au droit d’arrêter un navire américain en haute mer, lors même que ce navire aurait des esclaves à bord, et restreigne toutes les prétentions de l’Angleterre à celle de visiter et de s’enquérir, le pouvoir exécutif des États-Unis ne peut pas bien comprendre comment une visite et une enquête pourraient être faites sans arrêter un navire au milieu de son voyage, et par suite sans interrompre son commerce. Cette visite et cette enquête ont été regardées comme un droit de recherche présenté sous une nouvelle forme, avec un nouveau nom. En conséquence, j’ai cru de mon devoir de déclarer d’une manière positive, dans mon message annuel au congrès, que pareille concession ne serait par faite, et que les États-Unis ont la volonté et le pouvoir de faire exécuter leurs propres lois et d’empêcher que leur pavillon soit employé dans des vues formellement interdites par ces mêmes lois. »


Lord Aberdeen, en recevant ce message, craignit que le langage