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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/682

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« Nous arrivâmes le soir à Musselburg, tellement fatigués, et si rendus faute de sommeil, et si crottés à cause du temps mouillé, que nous nous attendions que l’ennemi tomberait sur nous, ce qu’il fit effectivement entre trois et quatre heures ce matin, avec quinze de leurs escadrons les plus choisis, sous le commandement du major-général Montgomery et de Straham, deux champions de l’église. Ils avaient fondé une grande attente et un grand espoir sur cette affaire. L’ennemi s’avança avec beaucoup de résolution : il fit reployer nos gardes avancées, et mit un régiment de cavalerie en quelque désordre ; mais nos gens, prenant l’alarme promptement, chargèrent l’ennemi, le mirent en déroute, firent beaucoup de prisonniers et en tuèrent un grand nombre ( did execution) ; ils les poursuivirent jusqu’à un quart de mille d’Edimbourg ; et je suis informé que Straham fut tué là, et en outre plusieurs officiers de qualité. Nous prîmes le major du régiment de Straham, le major Hamilton, un lieutenant-colonel et divers autres officiers et personnes de qualité, dont nous ne savons pas encore les noms. Véritablement, c’est un doux commencement de notre affaire, ou plutôt de celle du Seigneur, et je crois qu’il n’est pas très satisfaisant pour l’ennemi, particulièrement pour le parti de l’église (kirk). Nous n’avons perdu personne dans cette affaire, autant que je suis informé, qu’un cornette ; je n’ai pas entendu parler de quatre hommes de plus. Le major-général sera, je crois, d’ici à quelques jours, en état de reprendre le harnais. Et je crois que cette œuvre, qui est celle du Seigneur, prospérera entre les mains de ses serviteurs.

« Je n’ai pas jugé à propos d’attaquer l’ennemi, situé comme il l’est ; mais certainement ceci le provoquerait suffisamment à combattre s’il en avait envié. Je ne crois pas qu’il ait moins de six ou sept mille chevaux, et quatorze on quinze mille fantassins. La raison, d’après ce que j’apprends, de leur parti pour ne pas nous combattre, est qu’ils attendent plusieurs autres corps de troupes du nord de l’Écosse, et ils font entendre que, lorsque ces renforts viendront, alors ils nous donneront bataille ; mais je crois qu’ils voudraient plutôt nous tenter de les attaquer dans leurs fortes positions, où ils sont retranchés, ou bien ils espèrent que nous aurons la famine, faute de provisions ; ce qui arrivera très probablement, si nous ne sommes pas approvisionnés à temps et copieusement.

« Je suis, milord, votre très humble serviteur,

« OLIVIER CROMWELL. »

« P. S. J’apprends, depuis que j’ai écrit cette lettre, que le major-général Montgomery est tué. »


On a jugé Cromwell soldat, homme de famille, prédicateur. Il est bon de le connaître argumentateur et théologien. Voici les argumens que le fermier emploie contre le redoutable kirk, le calvinisme écossais. Voici ce qu’il écrit à ses chefs les protestans :