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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/709

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canaux disposés avec une régularité presque mathématique. Les recherches de ce savant furent reprises successivement par divers observateurs, et cette organisation, qu’on avait crue d’une si grande simplicité, sembla se compliquer davantage à mesure qu’on apprenait à la mieux connaître. Dans les aurélies, les chrysaores, les rhizostomes et autres genres voisins, on découvrit des cavités digestives, des systèmes de circulation, des organes de reproduction parfaitement caractérisés, et M. Ehrenberg, l’illustre micrographe de Berlin, pénétrant plus avant encore, isola les élémens premiers de l’organisme, et signala l’existence d’appareils sensoriaux qu’il regarda, très probablement avec raison, comme de véritables yeux.

Cependant, chez les méduses aussi bien que dans presque toutes les grandes familles animales, la machine organique présente des degrés très divers de complication et de perfectionnement. A côté des genres que nous venons de citer, il en est d’autres qui, dépourvus d’appendices inférieurs et d’une structure beaucoup plus simple, semblaient atteints d’une dégradation très avancée, et auxquels certains observateurs croyaient encore pouvoir appliquer, avec de légères restrictions, les expressions de Réaumur. Chez les eudores, chez les équorées on n’avait pas découvert les organes de reproduction : un naturaliste allemand, M. Eschscholtz, avait cru en conséquence pouvoir partager les méduses en deux groupes, distingués l’un de l’autre par la présence ou l’absence de ces organes. M. Edwards a démontré que cette distinction était fondée sur des observations incomplètes : il a retrouvé chez les équorées presque tous les appareils découverts dans les aurélies ; il a montré que chez elles aussi les sexes étaient distincts et reconnaissables à des signes caractéristiques. On comprend sans peine ce qu’ont d’important ces résultats qui, sous le rapport des fonctions les plus fondamentales de l’être animé, rétablissent l’uniformité dans toute la famille des méduses.

Le naturaliste qui avait trouvé dans l’étude des méduses des faits aussi curieux ne devait pas négliger les béroés, leurs voisines et leurs proches parentes. Ici les caractères extérieurs présentent une variabilité qui pouvait faire supposer de grandes modifications organiques. Émail ou cristal, le corps de ces animaux revêt les formes les plus disparates. A côté des béroés proprement dites, qui ressemblent assez à de grands cornets, on trouve les callianires, au corps allongé, festonné, portant de chaque côté une espèce d’aile large et chargée d’un triple rang d’épais bourrelets ; les cydippes, parfaitement sphériques, semblables à de petits ballons qui traîneraient après eux deux longs